— Né vers 1541, Cornelius Jansonius, chartreux de Geertruidenberg en 1562, en fut expulsé avec sa communauté lors des guerres de religion. En 1578, il fut nommé « vicaire » de l'unique maison féminine de l'ordre dans les anciens Pays-Bas, la chartreuse Sint-Anna-ter-Woestine (Sainte-Anne du Désert), sise près de Bruges.
Il exerça cette fonction pendant plus de quarante ans. Quand les religieuses chartreuses furent à leur tour chassées de leur maison incendiée par les gueux en 1580, Jansonius les suivit dans leur nouvelle demeure à l'intérieur de l'enceinte de Bruges. L. Le Vasseur loue sa dévotion et son austérité et il ajoute : « dans sa vieillesse, sa vue pénétrante contemplait avec aisance les choses célestes » (cité infra, p. 148). En 1620, Jansonius obtint « miséricorde », c'est-à-dire fut déchargé de sa fonction ; il demeura auprès des religieuses chartreuses jusqu'à sa mort en 1623.
La bibliothèque Ruusbroec d'Anvers conserve un manuscrit (M. 6) contenant deux sermons prononcés pour la vêture et la profession d'une novice (1593 et 1594) dont on ignore le nom ; ils ont été édités et commentés dans OGE. Il s'agit moins d'une oeuvre littéraire que d'un témoignage authentique de la spiritualité radicale de la Chartreuse : prise de distance par rapport au monde par les voeux, conversio morum (« bekeeringhe onser seden ») et martyre spirituel de la nouvelle épouse du Christ dans la mort à soi-même, tel le grain de blé de l'Évangile.
L. Moereels, Twee collatiën van Cornelis Jansonius van Schoonhoven, OGE, t. 20, 1946, p. 391-433.
L. Le Vasseur, Ephemerides ordinis cartusiensis, t. 1, Montreuil, 1890, p. 148. — St. d'Ydewalle, De Kartuize Sint-Anna-ter-Woestine te Sint-Andries en Brugge, 1350-1792, Bruxelles, 1945.
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