— Moine et prêtre de l'île d'Eubée, voisine de l'Attique (sa qualification d'évêque serait imputable à une erreur de copiste, d'après F. Halkin), nous ignorons tout de ce personnage, sinon qu'il vivait dans la première moitié du 8e siècle ; en effet, dans son sermon sur le massacre des Innocents (PG 96, 1501-1503), il précise que cet événement remonte à 742 ans et que 744 ans se sont écoulés depuis la naissance du Christ (1504d-1505a). Outre le logos susdit (BHG, n. 825), nous est parvenue une homélie sur l'annonce faite à Joachim et Anne de la conception et de la naissance de la très sainte et toujours vierge Marie, mère de Dieu (BHG, n. 1117-1117b ; PG 96, 1460-1500), une des toutes premières sur cette fête introduite sans doute depuis peu et non encore universellement célébrée. Jean a également laissé un sermon sur la résurrection de Lazare (BHG, n. 2220, éd. Analecta bollandiana, t. 68, p. 19-26) et une Passion de sainte Parascève (éd. Halkin), vraisemblablement la plus ancienne de celles qui nous sont conservées. Ces oeuvres ne présentent guère d'intérêt au point de vue doctrinal, même si l'homélie sur la conception de Marie, tributaire des données fournies par l'apocryphe De nativitate Mariae ou Protévangile de Jacques, a été exploitée en faveur de l'Immaculée Conception. Elles offrent par contre un bon spécimen de « l'homilétique provinciale » (Dölger) bourrée de citations bibliques, dépourvue d'artifices littéraires, mais où ne manquent pas, teintés par la polémique antijuive, les tableaux haut en couleur, comme la description de la tuerie ordonnée par Hérode. La manière intemporelle de traiter le martyre de sainte Parascève évoque les Contes de Perrault. Le ton nettement populaire qui les caractérise permet de distinguer ces productions de celles de saint Jean Damascène à qui la tradition manuscrite parfois les attribue et de restituer à ce dernier des écrits trop précieux pour figurer sous le modeste nom de Jean d'Eubée. Fr. Dölger, Johannes « von Euboia », dans Mélanges Paul Peeters, t. 2, dans Analecta bollandiana, t. 68, 1950, p. 5-26. — M. Jugie, L'Immaculée...

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