— Parmi les disciples que saint Guillaume de Volpiano (DS, t. 6, col. 1265-1266) réussit à grouper autour de lui en Italie du nord, se trouvait un ermite du nom de Jean, « litteris eruditus », qui accepta de quitter sa solitude pour le seconder dans son oeuvre de réforme. Il ne faut pas le confondre avec Jean de Fécamp que l'on appelle également Jean de Fruttuaria (supra, col. 509-511). Guillaume le mit à la tête de l'abbaye de San-Benigno de Fruttuaria, fondée en 1003 dans la région d'Ivrée, le monastère pour lequel il garda toujours une prédilection particulière et dont il voulut d'abord conserver la tutelle. Le premier acte faisant certainement mention de Jean avec le titre d'abbé de Fruttuaria est une bulle du pape Jean XIX (31 mars 1027) ; il était probablement en fonction dès 1014 ; selon le Nécrologe de Saint-Bénigne de Dijon, il mourut le 14 février, peut-être en 1049, selon une chronique dont la chronologie reste douteuse. E. Martène a édité les deux premières pages des 532 « Collectiones patris Johannis, cognomento Hominis Dei, de verbis seniorum », qu'il avait trouvées dans un manuscrit du prieuré de Talloires (Thesaurus no vus anecdotorum, t. 1, Paris, 1717, col. 163 ; PL 147, 477-480). En comparant au fragment de Talloires les premières pages du traité De ordine vitae et morum institutione attribué à saint Bernard, A. Wilmart a montré qu'il fallait restituer tout le traité à Jean l'Homme de Dieu et y voir un témoin de la spiritualité monastique du groupe animé par Guillaume de Volpiano (PL 184, 559-584). La division en chapitres est due à l'éditeur Jacques Merlo Horstius (Cologne, 1641, etc). Jean l'Homme de Dieu cite longuement saint Ambroise et saint Grégoire, mais il ne se contente pas de recueillir quelques « Deflorationes Patrum », ainsi que semblerait l'indiquer le titre du traité dans le manuscrit de Talloires, il fait oeuvre originale. A partir de la tradition des Pères, il propose aux novices une forte doctrine ascétique. Analysant les vertus et les vices, il se révèle éducateur averti, maître plein d'expérience et de réflexion. On ne trouve guère d'allusions à la contemplation et aux joies de l'intimité avec Dieu ; le but du traité est de proposer une pratique rigoureuse des...

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