— I. Vie. — II. Sources biographiques. — III. Œuvres. — IV. Doctrine. — V. Sources et influence.

I. VIE

1. JEUNESSE (1293-1317).

— Le biographe de Jean Ruusbroec, son confrère Henri Pomerius, note à propos de sa mort : « Anno Domini 1381, in octava… Katherinae… (2 décembre), octoginta et octo annorum cum jam fuisset, annis circiter LXIIII presbyter, … obdormivit » (De origine monasterii Viridisvallis, cité infra, pars II, c. 31). Ruusbroec est donc né en 1293. Nous ignorons son nom de famille ; « Ruusbroec » est le nom de son village natal (II, 4), que les historiens s'accordent à situer entre Bruxelles et Halle, dans le Brabant. S'il est exact que l'enfant fut confié à une nourrice, sa famille devait jouir d'une certaine aisance ; ce que confirmerait ce que nous savons par ailleurs d'un des parents de Ruusbroec (cf W. De Vreese, dans Biographie nationale, citée infra, col. 507-508). Contrairement aux habitudes des hagiographes, Pomerius omet tout éloge des parents du futur saint. Quelques détails donnés involontairement sur la mère font question. Rien n'est dit du père. Quand l'enfant est pris en charge par le chanoine Johannes Hinckaert, on le présente comme proche de l'enfant par une « generis affinitas » (I, 10). D'autres récits ultérieurs précisent en parlant de nepos (vg le récit d'Impens), mais ils n'ont d'autre source que Pomerius. Hinckaert, dont le rang social est honorable (I, 8), n'a pas toujours été à l'abri de tout reproche (« Is itaque, cum per aliquot annos vitam seculariter actitasset », I, 8-9). Tout cela pose des questions encore sans réponse. Vers sa onzième année, Jean est donc accueilli par Jean Hinckaert. Pomerius présente ce déplacement comme une fuite devant l'affection maternelle trop tendre, fuite inspirée par le désir du progrès spirituel, à l'exemple de Jean-Baptiste (II, 1-2) ; il laisse au hasard providentiel le soin de mener le jeune fugitif vers la maison du chanoine. Ceci ressemble plutôt à une affaire montée d'avance et dont on nous cache les raisons. Quoi...

[...]