Auteur : Marie-Cécile BÉNASSY-BERLING.
 
Tome 8 - Colonne 869
Acheter l'article complet
5 €
Titre de l'article : JEANNE-INÉS DE LA CROIX, hiéronymite, 1648-1695.
Début de l'article :
— Juana Ramirez de Asbaje naquit en 1648 à San Miguel Nepantla en Nouvelle Espagne. Elle était la troisième fille naturelle d'une créole et d'un capitaine basque qui abandonna sa famille peu de temps après cette naissance. Juana semble avoir eu malgré cela une enfance à peu près normale. Elle s'instruisit seule et avec passion grâce à la bibliothèque de son grand-père, amateur de littérature classique. Cette petite campagnarde fit bientôt figure de prodige par son savoir et sa facilité à rimer : à huit ans, elle composait un poème religieux. Encore toute jeune fille, elle est à Mexico dame d'honneur de la vice-reine. Idole de la cour, mais très pieuse et difficile à marier, Juana opte pour le cloître, d'abord le carmel de Mexico qu'elle doit quitter pour raison de santé, puis les hiéronymites chez lesquelles elle fait profession le 24 février 1669. Juana Inés de la Cruz, qui peut se monter une bibliothèque et une collection d'instruments scientifiques, va être à la fois une pieuse moniale et la « dixième Muse » de Mexico, situation paradoxale mais conforme aux usages de la société hispanique. Ses lectures sont principalement religieuses : Écriture sainte, Pères de l'Église, auteurs espagnols comme Thérèse d'Avila, manuels de scolastique, etc, mais elle lit aussi des Comedias de Calderon ou des livres scientifiques comme ceux du jésuite A. Kircher ; peut-être même eut-elle un contact superficiel avec l'oeuvre de Descartes. Le monde extérieur représente un aliment essentiel pour sa vie intellectuelle profane et même religieuse. Aussi Juana ne pourra-t-elle se résigner aisément à sacrifier le monde et la littérature malgré les instances de son confesseur jésuite, Antonio Nuñez de Miranda († 1695 ; cf F. Zambrano, Diccionario bio-bibliográfico de la Compañía de Jesús en México, t. 10, Mexico, 1970, p. 513-556). Celui-ci, saint et compétent, est peu compréhensif à l'égard d'une pénitente affligée de talents mal utilisables, — en fait nuisibles —, pour une personne 870 née femme et pauvre dans l'empire espagnol du 17e siècle. Juana est même abandonnée par Nuñez, puis elle reçoit en 1690 une lettre de désapprobation d'un évêque ami qui se cache sous le nom de soeur Philothée. Peu après, Mexico connaît la famine...

[...]



Cet extrait est constitué d'environ 1 page et l'article complet contient 4 pages.