— La personnalité de Jérôme le grec pose un problème encore irrésolu. S'il est vrai qu'un Jérôme de Jérusalem est attesté grâce à un extrait de Jean Damascène (PG 94, 1409bc), l'origine des opuscules attribués à un Jérôme (De Trinitate, De effeetu baptismi, De cruce, PG 40, 848-865) est incertaine. Les deux éditions anciennes de Morel et de Fabricius sont faites d'après le même manuscrit de Lindenbrogius, qui est passé à la bibliothèque Joannea de Hambourg, mais le catalogue sommaire d'Omont n'y a pas relevé la présence des opuscules de Jérôme. Pierre Batiffol, en essayant de reconstituer l'oeuvre authentique de Jérôme de Jérusalem à partir d'une autre oeuvre anonyme, n'a pas contribué à éclaircir la question.
L'intérêt de l'oeuvre pour la spiritualité serait très important, spécialement en ce qui concerne le De effectu baptismi, malgré sa brièveté (col. 859-865), si la date pouvait être fixée. L'auteur énonce une opinion sur la conscience de la grâce après le baptême, que I. Hausherr rattache à un courant de spiritualité qu'il appelle « école du sentiment ou du surnaturel conscient ». Or, des images et les principales citations bibliques de Jérôme se retrouvent dans Syméon le Nouveau Théologien. Il y a une parenté entre les deux, mais la tradition manuscrite de l'oeuvre de Jérôme est trop ténue, pour que la véritable filiation soit déterminable ; on n'excluera pas la possibilité que les opuscules de Jérôme soient en réalité postérieurs à Syméon ; et dans ce cas, l'identification avec Jérôme de Jérusalem, déjà peu sûre, devient impossible.
Deux éditions de F. Morel (codex F. Lindenbrogii) et de J. A. Fabricius (codex bibl. Joanneae) utilisées dans PG 40, 845-868. — P. Batiffol, Jérôme de Jérusalem d'après un document inédit, dans Revue des questions historiques, t. 39, 1886, p. 242-255. — E. Amann, Jérôme de Jérusalem, DTC, t. 8, 1924, col. 983-985. — I. Hausherr, Les grands courants de la spiritualité orientale, OCP 1, 1935, p. 126-128. — Syméon le Nouveau Théologien, Traités théologiques et bibliques, éd. J. Darrouzès, SC 129, Paris, 1967, p. 322.
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