— Nous chercherons : 1. comment le thème de la Jérusalem céleste s'appuie sur l'ancien Testament et les conceptions du judaïsme tardif ; 2. comment il apparaît dans le nouveau Testament ; 3. comment il se transmet et se développe dans l'ancienne littérature chrétienne ; 4. sous quelle forme on le retrouve dans le moyen âge occidental ; 5. comment il s'exprime dans la liturgie, l'hymnologie et l'art sacré ; 6. enfin, quels ont été quelques-uns de ses avatars.

1. Ancien Testament et judaïsme tardif.

— Dans le livre de la Consolation d'Israël, à la fin de l'exil, l'espérance de la restauration de Jérusalem se traduit en une exaltation lyrique de la ville. Dans le quatrième chant du Serviteur de Yahvé, on célèbre la fécondité de Jérusalem, invitée à éclater en cris de joie et d'allégresse (Isaïe 54, 1-3). La cité nouvelle sera fondée sur des saphirs, ses créneaux seront de rubis, ses portes de cristal, son enceinte de pierres précieuses (54, 11-12). Dans la même veine, les deux poèmes d'Isaïe 60 et 62 chantent la résurrection de celle qui sera appelée « Ville-Yahvé, Sion-du-Saint-d'Israël » (60, 14). Sion ou Jérusalem (62, 1) deviendra l'épousée (61, 4-5) et sera érigée « en gloire au milieu de la terre » (61, 7). Ézéchiel, qui appartient au courant sacerdotal, s'arrête longuement à la restauration du temple (40-42). C'est un visionnaire qui prélude au genre apocalyptique et son livre se termine par une description des portes de la ville. Celle-ci comporte de chaque côté quatre mille cinq cents coudées et trois portes, marquées au nom des différentes tribus d'Israël, et le nom de la ville sera « Yahvé est là » (Éz. 48, 30-35). Maints autres textes de l'ancien Testament présentent aussi une image idéalisée de Jérusalem et serviront d'appui au nouveau Testament et à la littérature postérieure, notamment Tobie 13, 16-17, qui reprend la description d'une Jérusalem toute construite de pierres précieuses, Michée 4, qui décrit le règne de Yahvé à Sion, les psaumes des montées qui ont été interprétés en un sens eschatologique (cf ps. 122, 1-2). Plus tard, parmi les rêves de félicité...

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