— 1. Vie. — 2. Saint ou hérétique ? — 3. Œuvres. — 4. Sources. — 5. Doctrine. — 6. Réforme de Flore. — 7. Influence.

1. Vie.

— La découverte et la publication, ces dernières années, de divers textes documentaires et littéraires, parmi lesquels une ancienne Vita dont la rédaction primitive remonte au 13e siècle, permettent, malgré les points obscurs qui subsistent encore, de tracer aujourd'hui une biographie de Joachim de Flore un peu plus complète et un peu plus exacte. Originaire de Celico, au diocèse de Cosenza (Calabre), sa naissance dut avoir lieu vers 1135. Fils de notaire et, semble-t-il, d'ascendance juive, sa connaissance des langues latine et grecque laisse penser que Gioacchino reçut une instruction soignée en accord avec sa condition sociale. Après avoir exercé pendant quelque temps la fonction de son père à la curie de Cosenza, il entra, toujours comme notaire, au service de la cour de Palerme. Bien qu'ayant devant lui un brillant avenir, des raisons que nous ignorons lui firent quitter le monde et entreprendre un long pèlerinage (habitu iam religionis assumpto) qui le conduisit en Syrie et en Palestine ; il est douteux 1180 qu'il soit passé par Constantinople. Après avoir visité Jérusalem et les autres lieux saints, il aurait fréquenté quelques centres monastiques. De retour en Sicile, il s'installa, selon la Vita, dans un ermitage de la région de l'Etna, à proximité d'un monastère grec ; revenu en Calabre, il se fixa dans un nouvel ermitage de la vallée du Crati, tout en ayant une certaine activité de prédicateur itinérant. Son entrée au monastère cistercien de la Sambucina (Luzzi), au nord de Cosenza, diocèse de Bisignano, et son ordination sacerdotale par l'évêque de Catanzaro ne sont pas encore datables. Il n'est pas possible non plus de préciser la date de son transfert au monastère de Santa Maria de Corazzo, fondé en 1157 par le comte Rogerio de Martirano et son frère Riccardo sur le territoire de Rocca Falluca, non loin de Tiriolo. On rencontre Joachim pour la première fois à Corazzo en tant que successeur de l'abbé Colomban, en 1177 ; plusieurs documents...

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