— 1. Vie. — 2. Œuvres. En 1519, Lefèvre d'Étaples dédiait à Michel Briçonnet, évêque de Nîmes et frère de l'évêque de Meaux, un in-4° de 99 folios dont il avait confié l'impression à H. Estienne : les Contemplationes idiotae, qui groupaient six séries de méditations dont les plus importantes avaient pour thème l'amour de Dieu et la Vierge Marie. Le succès de l'ouvrage fut constant au 16e siècle et probablement dû à la personnalité de son premier éditeur ; il fut réédité à Paris en 1521, 1530, 1535, 1538, à Anvers en 1535, 1536, 1539, à Lyon en 1542, 1546, 1547, mais le « sçavant Idiot » demeurait dans l'anonymat. Jean Trithème en faisait un auteur du 9e siècle ; le premier, Robert Bellarmin fit remarquer que les oeuvres éditées de l'Idiota contenaient des citations de saint Bernard et avaient été influencées par les scolastiques. L'identité de l'Idiota fut découverte dans la première moitié du 17e siècle par le jésuite Gilbert Jonin † 1638, grâce à un manuscrit appartenant à Louis de Caseneuve, médecin à Tournon : l'Idiota n'était autre qu'un certain R. Jordan, prévôt d'Uzès, puis abbé de Celles-en-Berry, qui vivait aux alentours de 1381. Th. Raynaud, qui entreprit la réédition des oeuvres de l'Idiota déjà connues et l'édition de celles qui ne l'étaient pas encore, compléta quelque peu ces renseignements.

1. Vie.

— Nous sommes en mesure aujourd'hui d'apporter quelques précisions nouvelles, bien que la vie de Raymond Jordan reste très obscure. Sa famille est probablement originaire de Nîmes ; un homonyme de l'Idiota figure en 1380 parmi les propriétaires imposés 1431 de la ville (Arch. Munic. de Nîmes, QQ 3) : sa jeunesse aurait été orageuse, du moins l'affirme-t-il. Dès 1360, Raymond Jordan est chanoine régulier de Notre-Dame de la Seds (cathédrale de Nîmes) et titulaire du prieuré de Saint-Étienne de Caveirac, uni à la prévôté de Nîmes (Arch. départ, du Gard, G. 1321) ; l'évêque de Maguelone ayant été chargé par le pape d'enquêter sur le complot fomenté à...

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