— 1. Vie et personnalité. — 2. Œuvres. — 3. Le disciple de saint Ignace. — 4. Sa place dans l'histoire.

1. Vie et personnalité.

— Né à Rouen, le 19 décembre 1661, d'une nombreuse et puissante famille de négociants, Claude Judde dut faire ses études au collège des jésuites de la ville. Après une première année de « logique », n'ayant pas encore seize ans, il entra au noviciat de Paris, où il eut pour maître des novices Pierre Pommereau, « homme très religieux, ferme et droit, très intelligent et de jugement pénétrant » (Archives romaines S. J., France ; Nécrologe, 1700). Deux ans après, il 1565 passa au collège de Clermont comme étudiant en philosophie. C'est là que de dix-huit à trente ans se déroula le reste de sa formation humaine et religieuse. De 1679 à 1691, le collège compte 2500 élèves ; la communauté des religieux comprend 120 membres, étudiants, professeurs, écrivains. Durant plusieurs années, les exhortations spirituelles lui furent données par Jean Maillard † 1702, traducteur de saint Jean de la Croix et biographe de mystiques comme Louise du Néant (DS, t. 3, col. 1853-1854) et Marie Bon (t. 1, col. 1762). Joseph de Jouvancy † 1719, déjà fameux professeur de rhétorique, remplissait par goût, près de ses jeunes confrères, le rôle de directeur d'études. Claude fit une seconde année de logique, puis l'année de physique et de métaphysique ; à vingt ans, il fut nommé sur place « régent » unique de la classe de sixième : il avait 300 élèves. On comprend qu'il ait dit plus tard à ses novices : « Sans autorité, il est impossible qu'on fasse aucun bien dans une classe » (Instruction pour les jeunes professeurs qui enseignent les humanités). Selon l'usage, il accompagne les mêmes élèves en cinquième, puis en quatrième. Dès vingt-trois ans, le jeune maître fut jugé assez mûr pour se préparer au sacerdoce. Les études de théologie étaient routinières. Dans les écrits de Judde, on remarque une fidélité énergique, mais parfois douloureuse, à l'enseignement reçu. N'étant pas spécialiste, il n'osera jamais s'en affranchir, mais il n'hésitera pas à en souligner parfois la faiblesse. « Il dut...

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