— L'article traite du jugement pris au sens eschatologique du terme. Il vise à dégager de la doctrine scripturaire, patristique et théologique les données qui sont susceptibles à cet égard d'avoir sur la vie spirituelle, en éclairant et nourrissant la réflexion chrétienne, une incidence pratique plus spéciale. — 1. Enseignement de l'Écriture. — 2. Enseignement des Pères. — 3. Enseignement des théologiens. — 4. Conclusions.

1. ENSEIGNEMENT DE L'ECRITURE.

— La doctrine scripturaire d'un jugement divin porté sur l'humanité en général et sur chaque individu en particulier est le fruit d'un long et complexe développement.

1° L'ancien Testament.

— Dès les temps les plus anciens, Israël croit en un Dieu juge et justicier. Il est juge comme le sont les rois et les chefs de l'Orient ancien, qui définissent les droits de chacun, résolvent les conflits entre les membres du peuple, redressent les torts et, en punissant les violateurs de l'ordre, rétablissent l'équité compromise. La judicature est alors une des fonctions du pouvoir de gouvernement. En tant que maître de la nature et parce qu'il gouverne la terre, Yahvé est le souverain juge. Quand il juge, il est toujours 1572 juste. C'est un Dieu qui rend à chacun son dû. C'est lui que les individus invoquent spontanément pour les départager et pour venger leurs droits violés (Gen. 16, 5 ; 31, 49 et 53 ; 1 Sam. 24, 13 et 16 ; Jér. 11, 20). C'est à lui que s'adressent les humbles et les innocents qui souffrent violence de la part des impies (Ps. 9 ; 10 ; 26 ; 35 ; 43, etc), et à qui on demande d'intervenir pour remédier aux injustices des juges humains (Ps. 82). Mais Dieu ne juge pas seulement les individus. Un des éléments essentiels de la prédication des prophètes est l'annonce du jugement que Yahvé s'apprête à exercer sur son peuple infidèle. Il le traduit devant son tribunal (Isaïe 3, 13-14), et va lui infliger le châtiment prévu par la loi pour les épouses adultères (Éz. 16, 38 ; 32, 24). Les enfants de la maison...

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