— Jean Julia naquit à Esparraguera, aux pieds du Montserrat (province de Barcelone). Il entra à la chartreuse de Montalegre, où il fit profession le 29 juin 1596. Il s'engagea dans la vie religieuse avec un tel élan qu'il devint vite un homme d'oraison ; il fut sacristain, puis procureur et, de 1611 à 1614, prieur. Pendant deux ans, il redevint simple religieux avant d'être appelé une nouvelle fois à la procure. Il mourut dans cette nouvelle charge, le 28 mars 1620. Il publia un Desengaño de la vida humana e instrucción espiritual para ella (Barcelone, 1620, 226 f. ; un exemplaire à la bibliothèque de l'université de Barcelone), sous son nom castillan : Juan Julian. Il y présente les trois voies classiques, insistant chaque fois sur la dualité : vieil homme et appel à la sainteté. La persistance et l'ampleur du premier aspect, de même que la nécessité de tendre à la contemplation et enfin la contemplation même, reflètent, semble-t-il, toute sa personnalité : d'une part, jeunesse agitée et sévérité excessive en tant que supérieur (à cause d'elle il ne resta pas même trois ans prieur), d'autre part, son progrès ascétique, sa prière constante et sa grande spiritualité. L'exposé est présenté sous forme de questions et de réponses ; Julia illustre celles-ci par un exemple qui sera repris dans la partie doctrinale. Les deux derniers traités sont davantage orientés vers la pratique : Ejercicios útiles para el Cristiano et Caminos diferentes para el cielo ; ils contiennent quinze formules dans lesquelles l'auteur se montre un connaisseur expérimenté du chemin vers la perfection et de ses vicissitudes. Exposant la vocation universelle à la sainteté, il cherche à prouver que sans changer d'état ni d'activité, sans devenir frère ou ermite, il est au pouvoir de tous de servir vraiment le Seigneur, et il le montre en donnant de longues règles pour chaque cas. Son style est original ; toujours plein d'exemples, tous aussi piquants que celui-ci : « Que chacun se travaille soi-même de toutes parts pour devenir une pierre équarrie, qui sera bien en place où qu'on la mette, aplanie par l'esprit de résignation » (57d). Il ramène la vie spirituelle à ces quatre points : humilité, mortification, désir de souffrir et familiarité avec...

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