— Guy exerçait son ministère au début du 14e siècle à Toulouse. Malgré la richesse des archives contemporaines de sa province religieuse qui ont été conservées, il est impossible de trouver sur lui d'autres renseignements ; seule le tire de l'oubli l'oeuvre qu'il nous a Regula mercatorum, elle est conservée dans trois manuscrits latins, mais leur texte garde les traces des versions en langue d'oc qui en ont existé selon le désir de l'auteur. En 1496 une adaptation en français fut imprimée à Provins.
Le but visé par Guy était essentiellement pastoral : il reproduit, en les remaniant et les adaptant aux besoins locaux, de longs passages de la Summa confessorum de son confrère Jean de Fribourg, choisissant dans cet ouvrage ce qui peut intéresser la vie professionnelle des marchands toulousains. A leur activité, que l'ensemble des moralistes considère comme périlleuse pour l'âme, il entend donner une « règle » qui dirigera leur conduite comme celle du scribe guide sa main ; il examine à cette fin les problèmes soulevés par le juste prix, le prêt à intérêt et quelques questions de détail. L'effort de Guy tend, au-delà des prescriptions juridiques, à animer la vie spirituelle de ses lecteurs. Il ne faut pas se perdre dans le dédale du vocabulaire technique, mais éviter le péché, quelque soit le nom sous lequel on le présente (addition à la qu. 1), se mettre en face de sa responsabilité morale sans s'attacher au légalisme (add. aux qu. 1, 2, 6, 19, 37). Si certaines solutions semblent sévères, le lecteur se rappellera que « étroite est la voie qui conduit à la Vie, selon la parole du Christ » (préface) et s'inspirera de la maxime « Tout ce qui cause un dommage à la société ou à une personne, est contre la charité » (add. à la qu. 5).
Hain, n. 7378. — P. Michaud-Quantin, Guy d'Évreux.., dans Archivum fratrum praedicatorum, t. 20, 1950, p. 216-217. — Édition en préparation.
[...]