En contexte chrétien, il n'est d'authentique vision de l'obéissance que celle qui s'enracine dans le mystère de Jésus « qui, tout Fils qu'il était, apprit par ses souffrances l'obéissance » (Hébr. 5, 8). C'est à la lumière de cette obéissance de Jésus qu'on doit relire l'obéissance de l'ancienne Alliance pour en découvrir le sens et, dans son sillage, qu'il faut situer l'obéissance chrétienne pour en comprendre la nature et en déceler les implications profondes.

— Il convient de remarquer d'entrée de jeu que, mis à part Luc 2, 51 qui parle du comportement de Jésus enfant envers Marie et Joseph, le nouveau Testament n'emploie jamais pour désigner l'attitude de Jésus le nom ὑποταγή ou le verbe qui lui correspond. Or ce nom et ce verbe (au passif) mettent en relief l'attitude de celui qui « se soumet », cède devant un supérieur, agit comme le « sujet » d'un plus puissant, entre sous le pouvoir d'un autre qui le domine, acquiesce aux impératifs de la hiérarchie sociale (l'esclave est soumis à son maître, Tite 2, 9 ; les jeunes sont soumis aux anciens, 1 Pierre 5, 5 ; les femmes sont soumises à 536 leur mari, Col. 3, 18 ; les citoyens sont soumis aux magistrats, Tite 3, 1 ; la Création est soumise à la vanité, Rom. 8, 20). La liberté a ici peu d'initiative : il s'agit avant tout de consentir à l'ordre hiérarchique des choses, volontairement ou, si nécessaire, par la force. Le drame du péché, tel que Paul le comprend, s'inscrit là : en effet, la chair refuse la soumission à Dieu que l'ordre des choses exige (Rom. 8, 7). Le terme employé pour caractériser l'attitude de Jésus face au Père, et en des...

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