— Odon (Odard, Odoard, Oudard), né à Orléans vers le milieu du 11e siècle, professa à Toul avant de venir occuper avec notoriété, à partir de 1089, une chaire à l'école cathédrale de Tournai. La lecture de traités augustiniens suscite sa vocation religieuse. Adoptant plus ou moins la vie canoniale, il se retire avec un groupe de disciples dans l'ancien monastère de Saint-Martin de Tournai. Sous l'influence de son ami Alvise, abbé d'Anchin, il se rallie bientôt à l'observance bénédictine de Cluny. Devenu abbé de Saint-Martin, le 4 mars 1095, il en est considéré comme le second fondateur. Il met tous ses soins à la constitution d'une bibliothèque dont il appréciait l'utilité pour la vie spirituelle du monastère. Il organise un atelier de transcription où règne de son vivant une activité fiévreuse. En 1105, au cours des troubles qui agitèrent le diocèse de Cambrai à l'époque de la querelle des investitures, il est élu évêque en qualité de candidat anti-impérialiste ; il se heurte à l'opposition de son prédécesseur Gaucher, déposé au concile de Clermont. Ne pouvant exercer normalement ses fonctions épiscopales, il se fixe à l'abbaye d'Anchin d'où il gouverne son diocèse. Il y meurt le 19 juin 1113. Sa piété et ses vertus lui ont valu le titre de bienheureux. Rien n'est conservé d'une oeuvre de jeunesse d'Odon sur la guerre de Troie, ni de trois traités relatifs à la logique. De sa correspondance, quelques fragments subsistent. Ses oeuvres théologiques sont mieux connues. 1) L'Expositio in canonem missae, explication claire et détaillée des prières liturgiques du canon et du symbolisme qu'elles renferment, est du plus haut intérêt 615 pour l'histoire des dogmes eucharistiques. Odon se tient très près des paroles consacrées et abandonne les explications plus ou moins fantaisistes qui, au cours des âges précédents, avaient trouvé dans le canon un décalque de la passion. 2) Le De peccato originali libri tres constitue la production la plus importante du génie littéraire d'Odon. Il applique avec une parfaite netteté la méthode dialectique à l'étude du dogme. Pour lui, le péché originel est moins une réalité qu'une privation. Pour expliquer sa transmission, il part des principes du...

[...]