— 1. Philippe Neri. — 2. L'Oratoire philippin. — 3. Figures spirituelles.

1. Philippe Neri.

— L'historiographie moderne est unanime à reconnaître la place marquante de Philippe Neri et de son Oratoire dans l'oeuvre de réforme de l'Église, spécialement de celle de Rome, centre de la chrétienté, aux lendemains de Trente. Philippe « connut quinze papes ; il assista durant leurs pontificats à un changement religieux profond et varié en l'Église d'Europe. Il vit de près des transformations fort dramatiques dans la Curie romaine ; et en tout cela lui-même joua un rôle essentiel, notamment à Rome » (G. Lortz). « La vraie force de la Contre-réforme venait du renouveau de l'esprit religieux… ; et peut-être le modèle le plus parfait de ses aspirations se trouve-t-il dans la longue et féconde vie de saint Philippe Neri… » (R. B. Warnham, dans The New Cambridge History, t. 3, Cambridge). « Cet humoriste… n'en reste pas moins un des principaux ouvriers de la Contre-réforme, le plus grand peut-être, nul, semble-t-il, n'ayant travaillé avec plus de succès que lui à changer la face de la Ville éternelle pendant la période désespérément critique qui va du sac de Rome à l'absolution d'Henri IV… Quand Philippe arrive de Florence à Rome, la réforme de la Curie paraît impossible ; quand il meurt en 1595, elle est un fait accompli » (Henri Bremond). On peut se demander s'il est à propos de donner à Philippe le titre si solennel de « réformateur de Rome », puisque d'autres personnages remarquables et d'autres institutions d'alors, sous des modes divers et complémentaires, ont sans nul doute contribué de manière active à redonner à Rome sa physionomie religieuse. C'est un fait néanmoins que Philippe se détache nettement, plus que tout autre, avec un éclat qui lui est propre, sur l'horizon de la restauration tridentine, au point de donner un ton discrètement sympathique à des institutions ou des mesures nées sous le signe de la défense et de la répression. L'humble prêtre de San Girolamo della Carità, qui ne fut point homme d'études et ne laissa aucun écrit marquant, apparaît comme le représentant le plus typique de la spiritualité italienne du

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