— C'est en fonction de l'humilité qu'on arrive à se faire une juste idée de ce qu'est l'orgueil. Seule, en effet, la révélation de l'humilité dans toute sa spécificité biblique et chrétienne a pu dévoiler la véritable nature de l'orgueil, dont certaines dimensions restent cachées à la réflexion purement philosophique et morale. On aura donc intérêt à se reporter à l'article HUMILITÉ, où les allusions à l'orgueil ne sont pas rares (DS, t. 7, col. 1136-1187). Il s'agit toutefois d'un vice trop important pour ne pas mériter une étude appropriée. Aussi le propos de cet article est-il de montrer comment de ce vice s'est progressivement précisée et élaborée la notion spirituelle, qu'il convient d'ailleurs de distinguer du concept, apparenté mais non identique, de vaine gloire (DS, t. 6, col. 494-505). — 1. Vocabulaire. — 2. Ancien Testament. — 3. Nouveau Testament. — 4. Pères apostoliques. — 5. Orient chrétien. — 6. Pères latins. — 7. Enseignement des théologiens. — 8. Spirituels et mystiques. — 9. Moralistes français du 27e s. — 10. Philosophes modernes.

1. Questions de vocabulaire.

— Le mot orgueil, qui apparaît au 11e siècle (Chanson de Roland, v. 1549), vient du parler germanique des Francs installés en Gaule ou francique (urgôli), et sert en français pour traduire le latin superbia, comme l'attestent suffisamment les auteurs classiques du 17e siècle, Pascal et Bossuet entre autres, dont les exemples sont cités dans le Dictionnaire de la langue franaçise de Littré. Formé à partir de super, l'adjectif superbus, d'où dérive superbia, désigne « qui se trouve au-dessus », mais est presqu'exclusivement employé au sens moral de « altier, hautain », parfois de « magnifique, superbe » (A. Ernout et A. Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine, t. 2, Paris, 1951, p....

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