— 1. Vie. — 2. Œuvres.

1. VIE.

— Par ses origines, sa formation et ses appartenances religieuses, Otton compte parmi les plus brillants représentants du premier 12e siècle, dont il fut sans doute l'observateur le plus fin. Il appartenait à la plus haute aristocratie d'Empire : fils du marquis d'Autriche Léopold III et d'Agnès, fille de l'empereur Henri IV, il était demi-frère de Conrad III et oncle de Frédéric Ier Barberousse, parent aussi par ses frères et soeurs des dynastes régnant sur la Pologne, la Hongrie et la Bohème. De ce capital héréditaire lui vint une extrême sensibilité aux luttes qui déchiraient l'Empire germanique depuis la fin du 11e siècle. De 1128 à 1132, il séjourna en France, où il acquit sa formation à Paris, et peut-être à Reims et Chartres, certainement auprès d'Hugues de Saint-Victor, moins clairement sous Abélard et Gilbert de la Porrée (il fournit la meilleure source sur les procès de ce dernier). Là il entra en familiarité profonde avec les nouvelles tendances de la théologie : Écriture sainte, dialectique et redécouverte d'Aristote. Il figure ainsi au premier rang des témoins de l'histoire scolaire en ce temps. Rentrant en Allemagne (1132/3), il s'arrêta à Morimond, où avec sa suite il fit profession monastique. Or 1064 depuis son enfance il était aussi prieur de Klosterneuburg. Ainsi conjuguait-il chez lui les deux forces du renouveau religieux, l'idéal des chanoines réguliers et celui des cisterciens. En 1138, Otton fut élu abbé de Morimond, et aussitôt porté à l'évêché de Freising. Cistercien, il se voua néanmoins davantage à la réforme de son chapitre de Freising ou à celle des collégiales de son diocèse qu'à la diffusion de son ordre. C'est que, prince et prélat, il est avant tout homme de l'Empire. Il prend part régulièrement aux diètes, aux expéditions en Italie, à la Croisade de 1147, tandis qu'il se heurte sans cesse aux avoués de Freising. Il voit à la fois se dissoudre les anciennes structures du pouvoir, et s'effondrer l'espérance d'unité sous les bannières de la Croisade ; ces déboires de l'Empire comme de l'Église influent profondément sur son esprit. A partir de...

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