— 1. Vie. — 2. L'oeuvre et le témoignage.

1. VIE.

— Frédéric Ozanam, fils de Jean-Antoine, officier puis médecin (1773-1837), et de Marie Nantas (1781-1839), naît à Milan le 23 avril 1813. De cette famille de quatorze enfants, dix moururent très jeunes. Après la chute de l'Empire, les Ozanam se fixent à Lyon. Frédéric entre au Collège royal en octobre 1822 et y accomplit ses études secondaires ; jusqu'alors pieux et attiré par les thèmes religieux, il connaît durant son 1079 année de philosophie une crise intérieure qui le fait douter de la valeur des dogmes ; son professeur, l'abbé J.-M. Noirot, l'éclairé, le soutient, conseille ses lectures, et lui suggère d'équilibrer ses réflexions philosophiques par un approfondissement biblique, un peu d'apostolat et l'élaboration d'un « grand projet pour la vie » : se mettre au « service de la vérité ». Il s'agirait de concevoir un programme d'études et même de publications sur l'histoire des religions et, pour le réussir, de grouper des amis. Ozanam est « illuminé » par ces suggestions et conclut, un peu intuitivement, que « la Vérité, c'est l'Église » ; la cause de la foi peut et doit être servie par la science chrétienne. La révolution de 1830, avec son côté anticlérical, l'inquiète. Ozanam n'accepte pas que l'Église passe pour le soutien du plus étroit conservatisme. Il est alors en apprentissage dans une étude d'avoué, car son père le destine au notariat. Il réfléchit à la politique. Puisque la révolution a posé le problème de la liberté, nul ne peut le refuser, et le christianisme a quelque chose à enseigner à ce sujet. Réfutant les doctrines saint-simoniennes qui se répandent à Lyon en 1831, il dénonce le faux libéralisme, l'idée d'un progrès sans limites de l'humanité et d'une nouvelle religion d'inspiration panthéiste. Ozanam pressent qu'il n'est de liberté que celle d'une « conscience chrétienne éclairée par une saine philosophie et par la révélation » ; cette analyse sera clairement exprimée plus tard ; en attendant, ses Réflexions sur la doctrine de Saint-Simon (1831) sont approuvées par Chateaubriand et Lamartine ; Félicité de Lamennais en rend...

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