Auteur : Joseph DEDIEU.
 
Tome 2 - Colonne 23
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Titre de l'article : CALVIN ET CALVINISME.
Début de l'article :
— I. Spiritualité de Calvin. — II. La spiritualité dans le Calvinisme.
I. — SPIRITUALITÉ DE CALVIN
Il a été, jusqu'à une époque assez récente, de bon ton de refuser à Calvin une doctrine de spiritualité et toute participation à la vie mystique proprement dite. Il est, disait-on, un raisonneur froid et sec. Il établit, par durs syllogismes, la souveraine maîtrise de Dieu et l'horrible misère de l'homme. Il creuse plus profondément qu'on ne l'avait encore fait le fossé entre le Créateur et la créature. Il courbe l'homme sous la puissance d'un Dieu qui le sauve et le perd, à sa fantaisie. Entre ce despote et sa victime ou son élu, il ne peut établir des rapports d'amour, qui sont à la racine de toute la spiritualité et de toute vie mystique. Calvin, philosophe de la prédestination, apologiste de la terreur, n'a pu enseigner que des thèses métaphysiques, qui parlent à la raison, non au coeur. Théoricien du salut gratuit, il n'a pu enseigner les moyens de la sanctification, qui permettent, dans la doctrine catholique, l'union des âmes avec Dieu. — Aujourd'hui, une réaction se dessine contre cette opinion générale. Calvin, dit-on, n'est presque pas un spéculatif. Sa théologie est, avant tout, pratique. Il fut moins un cerveau qu'un coeur, très sensible. Il a cherché à enrichir la vie du coeur, non celle des concepts. Son livre essentiel, l'Institution chrétienne, n'a presque aucune partie spéculative ; il envisage d'abord la vie spirituelle du disciple du Christ. Le second livre en effet traite du fondement de notre salut dans le Fils ; le 3e livre, du don du salut par le Saint-Esprit, auteur de la conversion ; le 4e livre, du don du salut par les moyens extérieurs dont dispose l'Église. Ce serait donc sous quelque rapport un traité véritable de spiritualité. « La parole de Dieu, écrit-il, n'est point pour nous apprendre à babiller, pour nous rendre éloquents et subtils, et je ne sais quoi ; mais c'est pour réformer notre vie, qu'on connaisse que nous désirons de servir à Dieu, de nous adonner du tout à Lui, et nous conformer à sa bonne volonté. » (Opera, LIV, p. 291.) Ainsi donc il y aurait chez ce réformateur, une doctrine sur la...

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