— Le fait de la diversité des écoles de spiritualité dans l'Église s'impose de lui-même. A première vue, on songe d'abord aux spiritualités des grandes familles religieuses : bénédictine, carmélitaine, cistercienne, dominicaine, ignatienne, etc. La spiritualité y a donné naissance à un style de vie religieuse qui, à son tour, lui sert de support et en garantit la durée dans le temps. Cependant, l'histoire connaît aussi des courants de spiritualité qui ne sont pas liés à l'existence d'une famille religieuse, mais uniquement à la personnalité d'un saint ou à la richesse de ses oeuvres écrites. Il y a là comme des lignes verticales, qui naissent à un moment donné de la vie de l'Église et qui se prolongent, tandis que de nouvelles lignes apparaissent successivement et font route ensuite avec elles. Pour être complet, il faudrait aussi noter que ces lignes verticales sont traversées à certaines époques de la vie de l'Église par des coupes horizontales, c'est-à-dire par des courants spirituels collectifs, qui ne sont pas toujours dus à l'influence d'une personnalité dominante, et qui imprègnent plus ou moins toutes les spiritualités alors existantes. Si nous y sommes plus sensibles à notre époque de civilisation collective, le fait est déjà reconnaissable au 17e siècle en France, par exemple, où les traits marquants de l'école française ont plus ou moins profondément imprégné l'ensemble des autres spiritualités existantes. Cette double constatation nous permet de proposer une définition provisoire et de considérer une école de spiritualité comme la manière propre à certaines collectivités ou à certaines époques de présenter l'itinéraire spirituel qui mène l'âme jusqu'à Dieu. En ce qui concerne la méthode permettant d'étudier la notion d'école de spiritualité, s'il est vrai qu'une description extérieure des éléments les plus voyants peut être un point de départ fécond, il n'en est pas moins certain qu'une étude des structures essentielles permet seule d'aboutir à des conclusions valables. Bien des polémiques sont dues à une vision accidentelle de la réalité spirituelle, ou du moins fort partielle. Il est facile de dresser des oppositions sur la base de quelques données secondaires, sans prendre la peine...

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