Auteur : Julien LEROY.
 
Tome 4 - Colonne 344
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Titre de l'article : ЕГΚΑΤΑΛΕΙΨΙΣ (la déréliction chez les Orientaux).
Début de l'article :
— Dans la langue de la spiritualité moderne, le mot déréliction désigne un état d'âme dans lequel le sujet a l'impression d'avoir été abandonné de Dieu, au point de se croire parfois l'objet de sa colère et voué à l'éternelle réprobation. Voir art. DÉRÉLICTION, DS, t. 3, col. 504-517. Bien que les spirituels orientaux aient une sorte de répugnance à faire part de leurs expériences profondes, il n'est pas douteux que plusieurs d'entre eux ont décrit cette déréliction. On lira à ce sujet l'article définitif de I. Hausherr, Les Orientaux connaissent-ils les « nuits » de S. Jean de la Croix ?, OCP, t. 12, 1946, p. 5-46. Il y a une autre façon d'envisager le problème de la déréliction dans la spiritualité orientale. La langue des spirituels byzantins renferme un mot, ἐγϰατάλειψις, qu'on ne peut guère traduire autrement que par déréliction. Son emploi est relativement fréquent. Il a apparemment un caractère technique. Essayons de préciser son contenu au cours des âges ou dans les divers courants de spiritualité. — 1. Notions et bases scripturaires. — 2. Vue d'ensemble dans la patristique orientale. 3. Source commune : Origène. — 4. La tradition intellectuelle et la tradition messalienne. Principaux auteurs.
1. Notions et bases scripturaires.
1° Vocabulaire.
— Notons que nous trouvons parfois un synonyme du mot ἐγϰατάλειψις. Il semble que le mot παραχώρησις exprime le même concept de déréliction. Il est vrai qu'un auteur spirituel du 14e siècle, Calliste Telikoudès, a cru pouvoir distinguer entre παραχώρησις et l'ἐγϰατάλειψις. Dans son petit traité Sur la vie hésychaste, il écrit : πολεμεῖται δὲ λοιπὸν παραχωρήσει, ἀλλ̉ οὐϰ ἐγϰαταλείψει (PG 147, 825d5 ; la traduction 345 latine, « permittit (Deus) quidem ut adhuc tentetur, sed non eam derelinquit », suggère que les deux mots παραχωρήσι et ἐγϰαταλείψει sont des verbes ; en réalité, il...

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