— Réduite à ses traits essentiels, l'enfance spirituelle, telle qu'elle s'exprime dans la vie et les écrits de sainte Thérèse, peut se définir comme une humilité fondamentale vécue par une âme fille de Dieu, ou comme un abandon absolu, entre les mains du Père, d'une âme qui a conscience de sa petitesse et de son impuissance radicale. On lui demanda ce qu'elle entendait par rester petit enfant devant Dieu. Elle répondit : « C'est reconnaître son néant, attendre tout du bon Dieu, comme un petit enfant attend tout de son père, c'est ne s'inquiéter de rien, ne point gagner de fortune. Même chez les pauvres on donne à l'enfant ce qui lui est nécessaire, mais aussitôt qu'il a grandi, son père ne veut plus le nourrir et lui dit : Travaille maintenant, tu peux te suffire à toi-même. C'est pour ne pas entendre cela que je n'ai pas voulu grandir, me sentant incapable de gagner ma vie, la vie éternelle du Ciel ! Je suis donc restée toujours petite, n'ayant d'autre occupation que celle de cueillir des fleurs, les fleurs de l'amour et du sacrifice et de les offrir au bon Dieu pour son plaisir… Être petit, c'est encore ne point s'attribuer à soi-même les vertus qu'on pratique, se croyant capable de quelque chose, mais reconnaître que le bon Dieu pose ce trésor de la vertu dans la main de son petit enfant, pour qu'il s'en serve quand il en a besoin ; mais c'est toujours le trésor du bon Dieu. Enfin, c'est ne point se décourager de ses fautes, car les enfants tombent souvent, mais ils sont trop petits pour se faire beaucoup de mal » (Novissima verba, 6 août 1897, Lisieux, 1926, p. 125-126). L'enfance spirituelle apparaît formée de deux composantes : humilité et conscience de la paternité divine, avec ce que ce sentiment implique de confiance sans limite. I. Ancien Testament. — II. Nouveau Testament. — III. Pères de l'Église. — IV. Du moyen âge à nos jours.

I. ANCIEN TESTAMENT

Sauf exception, il ne faut pas s'attendre à trouver dans l'ancien Testament le vocabulaire de l'enfance utilisé pour traduire une attitude spirituelle. Sans doute, le grand nombre d'enfants, de fils surtout, était-il...

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