Auteur : Placide DESEILLE.
 
Tome 4 - Colonne 785
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Titre de l'article : ÉPECTASE.
Début de l'article :
— Le terme d'épectase (ἐπέϰτασις) a été emprunté par J. Daniélou à saint Grégoire de Nysse pour désigner la conception de la perfection chrétienne élaborée par le grand cappadocien : alors que pour les grecs la perfection était synonyme d'achèvement et de finitude, selon Grégoire elle consiste, ici-bas et dans l'éternité, en un progrès et une tension sans fin qu'illustre l'image du coureur de Phil. 3, 13 (cf J. Daniélou, art. CONTEMPLATION, Mystique de la ténèbre chez Grégoire de Nysse, supra, t. 2, col. 1182-1185, et Platonisme et théologie mystique, coll. Théologie 2, 2e éd., Paris, 1953, p. 291-307). Cette doctrine s'inscrit dans une tradition dont on peut discerner les premiers linéaments chez saint Irénée et Origène (cf H. Urs von Balthasar, Parole et mystère chez Origène, Paris, 1957, p. 23-24) et que les auteurs ecclésiastiques ont exploitée diversement. 1. Assez rares sont ceux qui, comme Grégoire de Nysse et sous son influence directe ou indirecte, ont admis l'existence d'un progrès dans la participation aux biens divins au sein même de la béatitude. Scot Érigène cependant a été amené par sa thèse de l'incognoscibilité absolue de l'essence divine à interpréter dans ce sens la ténèbre dionysienne : Dieu ne se communiquerait aux créatures que par des « théophanies » 786 de plus en plus parfaites qui permettent à l'esprit divinisé de l'approcher sans cesse, sans jamais l'atteindre en son essence infinie et incompréhensible : « … et c'est là cette voie éternelle qui s'étend à l'infini et que parcourent les âmes pures et parfaites, à la recherche de leur Dieu. Car les puissances célestes elles-mêmes cherchent toujours leur Dieu, sur qui elles désirent fixer leur regard (cf 1 Pierre 1, 12). Telle est la ténèbre dont parlait Denys l'Aréopagite » (De divisione naturae 5, 26, PL 122, 919d ; cf 5, 38, 1010cd ; 2, 35, 614d). Cette conception paradoxale de la béatitude présentée comme un status viae éternel se retrouve dans l'une des premières oeuvres de Guillaume de Saint-Thierry, le De contemplando Deo, où l'influence de Scot Érigène est...

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