Auteur : Réginald GARRIGOU-LAGRANGE.
 
Tome 4 - Colonne 1203
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Titre de l'article : ESPÈCES INFUSES.
Début de l'article :
— 1. Nous verrons ce que les théologiens entendent par « espèces infuses », comment ils les divisent en deux catégories ; 2. nous examinerons ensuite le problème : la contemplation infuse des mystères de la foi exige-t-elle des espèces infuses. De la 1204 réponse dépend la solution de cet autre problème : la contemplation infuse des mystères de la foi est-elle, oui ou non, dans la voie normale de la sainteté ? 1. Les théologiens distinguent généralement les espèces ou idées acquises, que notre intelligence abstrait des choses sensibles, et les espèces ou idées infuses qui ne sont pas abstraites des choses sensibles, mais sont données par Dieu. Ils distinguent aussi les idées de soi infuses (per se infusae), qui sont d'ordre angélique et dont l'âme humaine peut se servir sans le concours de l'imagination jusque dans son sommeil, et les idées accidentellement infuses (per accidens infusae), qui auraient pu être abstraites des choses sensibles, mais qui de fait ont été données par Dieu, celles par exemple qui furent données à Adam quand il fut créé à l'âge adulte, pour qu'il pût connaître au moins tout ce qu'un adulte connaît naturellement. Les théologiens admettent aussi que les anges ont des idées de soi infuses, qui ne sont pas obtenues par abstraction, idées qui représentent des universels concrets et s'étendent jusqu'aux singuliers, « usque ad singularia », idées infuses d'autant plus universelles, dit saint Thomas (1a q. 55 a.3), que les anges sont plus élevés, ont une intelligence plus forte et embrassent plus de choses d'un seul regard. Ces idées angéliques sont comme des paysages, ou mieux comme des panoramas intelligibles qui permettent de connaître des régions plus ou moins étendues du monde intelligible. Platon et Plotin l'avaient pressenti. C'est encore une doctrine généralement reçue chez les théologiens qu'au moment où l'âme humaine est séparée de son corps et de son imagination, elle reçoit des idées infuses dont elle peut se servir sans le concours de l'imagination. Ils admettent aussi que le Christ, sur terre, reçut, au-dessous de la vision béatifique et au-dessus de sa science acquise, une science infuse qui comportait des idées de soi infuses semblables à celles...

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