— Nous touchons à un élément caractéristique du vocabulaire et de la pensée 1404 du cardinal de Bérulle, plus précisément de la doctrine christologique bérullienne. Le mot vient, habituellement, pour rendre compte de la parfaite adoration et de la parfaite médiation du Verbe incarné : Il y a en Jésus-Christ états et actions, l'un et l'autre dignes d'un honneur singulier et de toute l'attention et affection de nos coeurs. Mais ces états sont particulièrement à peser, tant parce qu'ils contiennent plusieurs mouvements et actions, qu'à cause que par eux-mêmes, et en cette qualité d'états de Jésus, ils rendent un hommage infini à Dieu et sont d'une très grande utilité aux hommes (Œuvres de piété, n. 82, dans Œuvres complètes, éd. Migne, Paris, 1856, col. 1062). Ces lignes suffisent à montrer que, pour l'auteur, la notion d'états est complexe et qu'il y a lieu de distinguer non seulement entre actes et états, mais entre états et états.

1. États psychologiques.

— En opposition aux actes, toujours transitoires, ce sont des dispositions permanentes, des tendances habituelles et profondes, qui constituent le principe de réflexes psychologiques. De façon générale, c'est ainsi qu'on est poète ou philosophe, et qu'on est conduit à réagir en poète ou en philosophe. Ainsi encore qu'on est patient ou coléreux. De même dans l'ordre religieux. Adorer Dieu par état, ce sera donc adorer Dieu spontanément, à propos de tout, comme par réflexe, et donc habituellement : Le Fils de Dieu, dès le premier moment de sa vie en sa Mère, se consacre à la vie, à la croix, à la mort qui s'ensuivra par après. Et cette oblation et volonté première de Jésus est une action non passagère comme les nôtres, mais permanente comme tenant de la nature et de l'état de l'éternité. C'est une action et volonté perpétuelle qui n'a jamais cessé ni jour ni nuit, qui n'a jamais été divertie ni interrompue par aucune autre action, qui a été toujours en son actualité dans son coeur (Vie de Jésus, ch. 26, Œuvres, col. 487). Sous cet aspect, l'état bérullien correspond, en somme, à la vertu parfaite. Voir art. ÉTAT, DS, t....

[...]