Auteur : René-Antoine GAUTHIER.
 
Tome 4 - Colonne 1660
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Titre de l'article : EUDÉMONISME.
Début de l'article :
— 1. Histoire du mot et du concept. — 2. Apport de l'eudémonisme rationnel à la théologie de la béatitude.
1. HISTOIRE DU MOT ET DU CONCEPT
L'histoire du mot et du concept d'eudémonisme est à faire ; on en trouvera la preuve dans les erreurs surprenantes que commettent les auteurs les plus récents, tel par exemple S. Pignagnoli, qui attribue à James Seth l'honneur d'avoir introduit pour la première fois le mot d'eudémonisme dans la terminologie philosophique (Enciclopedia filosofica, t. 1, Venise-Rome, 1957, col. 204). Nous ne sommes pas en mesure d'écrire cette histoire et nous devons nous contenter d'en poser ici quelques jalons. 1661
1° Eudaimonismos.
— Le mot d'eudémonisme n'est que la transcription d'un mot grec qu'on trouve déjà chez Aristote : εὐδαιμονισμός. Mais il ne faut signaler ce fait que pour s'empresser d'ajouter que, quoi qu'en ait pensé par exemple un J. F. Herbart (Sämtliche Werke, éd. K. Kehrbach, t. 10, Langensalza, 1902, p. 239), le sens du mot eudaimonismos chez Aristote n'a rien de commun avec le sens qu'a revêtu le mot d'eudémonisme dans nos langues modernes. Ce mot n'appartient pas en effet, chez Aristote, à la langue de l'éthique, mais bien à celle de la rhétorique : il désigne la forme la plus haute de la louange. La louange comporte trois degrés : l'éloge, qui s'adresse à l'état habituel qu'est la vertu, le panégyrique, qui s'adresse aux actes de vertu, et enfin l'eudaimonismos, qui s'adresse à la fin de la vertu et à la somme des actes de vertu, c'est-à-dire au bonheur, eudaimonia, et peut donc se traduire par « félicitation » (Rhétorique I, 9, 1367b 26-36 ; cf Éthique à Eudème II, 1, 1219b 14-16 ; Éthique à Nicomaque I, 12, 1101b 10 à 1102a 1 ; IV, 13, 1127b 18). C'est ce sens de « félicitation » que le mot d'eudaimonismos, d'ailleurs rare, conservera toujours en grec (cf Plutarque, Pélopidas 24, 4 ; Sylla 6, 5 ; Lucien, De domo 5). Mais, à...

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