— Il ne sera pas question ici de la notion générale d'exemple, déjà abordée en d'autres articles (BIOGRAPHIES SPIRITUELLES, ÉDIFICATION, EXEMPLE), ou qui le sera ailleurs (IMITATION, SAINTS, etc), mais du procédé littéraire de l'exemplum, qui connut une très grande vogue dans la prédication et la littérature spirituelle du moyen âge. Devenu alors un instrument pédagogique, destiné à l'enseignement moral 1886 ou religieux, son emploi est pourtant bien antérieur au christianisme. Sous des formes diverses (parabole, conte, légende, fable, etc), il était en faveur chez les anciens peuples orientaux (Livre de Sindbad, Galila et Dimna, Pantschantantra, roman de Barlaam et Joasaph). Il y était présenté comme un précédent, un modèle ou une illustration ; il ne comportait pas nécessairement de qualification juridique ou morale, alors que les auteurs chrétiens l'emploieront à peu près toujours dans cette intention. Les grecs l'utilisent (les fables d'Ésope, la fable du loup et du chien racontée par Démosthène). Aristote le rattache à l'induction et il lui fait, dans sa Rhétorique (I, 2, 1356b : παράδειγμα ἐπαγωγὴν ῥητοριϰήν, une place importante, qu'il gardera chez les rhéteurs postérieurs, principalement sous la forme de l'exemple historique ou « politique » (« histoire destinée à servir de pièce justificative », explique Ernst Robert Curtius, dans La littérature européenne et le moyen âge latin, trad. de l'allemand par Jean Bréjoux, Paris, 1956, p. 73-75). C'est principalement par la littérature latine que la tradition de l'exemplum s'est implantée et développée chez les auteurs chrétiens, aussi nous bornerons-nous, pour en montrer l'origine à l'étudier chez quelques Pères latins, tout d'abord chez Tertullien, où nous pouvons saisir le passage de l'exemplum profane à l'exemplum chrétien. I. Époque patristique. — II. Moyen âge. — III. Époque moderne.

I. ÉPOQUE PATRISTIQUE

1. Tertullien.

— Tertullien continue et adapte à des besoins nouveaux l'usage profane de l'exemplum....

[...]

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