— 1. Exégèse contemporaine. — 2. Le prophète et son temps. — 3. Le livre. — 4. La spiritualité d'Ézéchiel. — 5. La religion personnelle. — 6. Postérité spirituelle.

1. Exégèse contemporaine.

— Jusqu'aux premières années du vingtième siècle, l'exégèse était unanime à considérer le livre d'Ézéchiel comme l'exemple classique de l'unité de composition, de l'unité d'auteur et de la précision chronologique. Quelques voix dissidentes (B. Spinoza, 1670 ; G. L. Oeder, 1771 ; L. Zunz, 1832 ; L. Seinecke, 1876 ; R. Kraetzschmar, 1900) ne purent jamais modifier ce consensus. L'école wellhausénienne vint encore le renforcer en faisant d'Ézéchiel un des plus fermes points de repère de son explication 2205 de la croissance de l'ancien Testament. J. Herrmann (Ezechielstudien, Leipzig, 1908) fut le premier à soulever des difficultés, à relever des inconsistances stylistiques, des doublets, des déplacements de péricopes. Il proposait d'expliquer ces faits par des éditions successives, partant d'oracles isolés, constituant des livrets plus vastes, pour arriver au livre actuel construit sur le modèle des livres d'Isaïe et de Jérémie. A la même époque, C. C. Torrey commençait une enquête qu'il prolongera jusqu'à 1930, le conduisant à faire d'Ézéchiel un pseudépigraphe écrivant vers 230 av. J.-C. (Pseudo-Ezekiel and the Original Prophecy, New Haven, 1930). Abordant les mêmes difficultés sous un autre angle, G. Hölscher (Hesekiel, der Dichter und das Buch, Giessen, 1924) s'applique à dégager ce qui, selon lui, serait l'oeuvre originale du prophète : il réduit cette contribution originale à environ 170 versets. Dans la même direction, W. A. Irwin (The Problem of Ezechiel, Chicago, 1943) ne veut laisser au prophète que 251 versets, attribuant le reste à ses éditeurs et commentateurs. La discussion soulevée autour de ces hypothèses amena un nouveau développement. V. Herntrich (Ezechielprobleme, Giessen, 1933) propose de voir dans le livre d'Ézéchiel le récit d'un ministère exercé en Palestine, et non pas en exil ; il...

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