— Le défi n'est qu'un procédé du COMBAT SPIRITUEL (voir cet article). L'idée première est à chercher dans cette disposition profonde du coeur humain qui, nous portant à comparer notre valeur personnelle, ou celle de nos actes, à celle du prochain, s'appellera jalousie ou émulation, selon la qualité que nous saurons y mettre. Que cette émulation soit réciproque et qu'elle s'avoue de part et d'autre, l'on assistera à cette surenchère qui est celle de toutes les performances : se servir de l'exemple d'un autre afin de le dépasser. Le terme de défi désigne la déclaration explicite et mutuelle de la lutte. A prendre les choses à la lettre, on aurait l'impression que l'objectif immédiat ait changé : ce ne sont plus les vices avec lesquels on veut se battre, mais avec un partenaire. Personne ne s'y trompe, et l'on sait bien que c'est pur jeu. Il a appartenu à saint François de Sales, continué par sainte Jeanne de Chantal, de faire du défi spirituel, à l'égard des religieuses de la Visitation, non pas une pratique, ou un divertissement spirituel d'occasion, mais un exercice en quelque sorte institutionnel. L'idée, le terme et le procédé leur étaient antérieurs. — 1. Origine. — 2. Nature. — 3. Sens spirituel.

1. Origine.

1° La tradition chrétienne.

— Il y a quelque chose du défi spirituel dans la réponse de saint Paul aux impatients de Corinthe, avides de posséder, chacun pour soi, tous les charismes et tous les ministères : « Aemulamini (ζηλοῦτε) charismata meliora. Ambitionnez les dons supérieurs » (1 Cor. 12, 31). Plus encore, dans cette image, empruntée aux courses du stade, dans lesquelles un seul remporte la couronne ; il faut agir, dans la vie chrétienne, comme si, soucieux avant tout de son propre succès et laissant les partenaires derrière soi, chacun devait être seul à l'obtenir (cf 1 Cor. 9, 24). C'est un défi envers soi-même, mais à la vue des autres, que s'adresse saint Augustin dans l'apostrophe célèbre : « Tu non poteris quod isti et istae ? » (Confessions, liv. 8, ch. 11). Saint...

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