— On peut résumer avec le mot doute l'ensemble des difficultés qui s'opposent à la foi, réellement ou en apparence. Nominalement, le doute se définit comme l'attitude de l'esprit qui hésite à tenir pour vraie une proposition déterminée, sans se décider non plus à la regarder comme fausse (cf A. Lalande, Vocabulaire philosophique, 7e éd., Paris, 1956, p. 249). Dans le cas de la foi, la même définition nominale est de mise. Mais l'application que l'on fait de cette notion à la vie surnaturelle introduit des points de vue nouveaux. On examinera les différentes espèces de doutes (1), les aspects théologiques (2) et les aspects spirituels de la question (3).

1. Différentes espèces.

— 1° Dans la vie chrétienne, on peut distinguer deux grandes catégories de doutes. On remarque en effet que certains portent sur la vérité chrétienne directement, et l'intelligence hésite à la tenir pour vraie en tout ou en partie. D'autres doutes, par contre, s'adressent plus directement à Dieu même, si l'on peut dire, et ils constituent une absence de confiance en Dieu. Dans ce dernier cas, l'absence de confiance peut être fondée d'ailleurs sur l'incertitude concernant tel ou tel attribut de Dieu, sa bonté, sa miséricorde. Cependant la tonalité est différente. L'attitude de l'apôtre saint Thomas, à l'annonce de la résurrection, est un type du premier genre de doute, qui est un doute intellectuel (Jean 20, 24-29). Celle des apôtres, au cours de la tempête sur le lac, est un exemple du second genre, qui est un doute personnel (Mt. 8, 23-27 ; cf 21, 21 ; Marc 11, 23). En fait, le doute personnel s'oppose plus directement à la confiance, à l'esprit de foi qu'à la foi proprement dite. 2° Si l'on tient compte de l'objet matériel sur lequel porte le doute intellectuel, on distinguera le doute réel et le doute apparent, le premier ayant un objet intellectuel véritable, le second en étant réellement privé, complètement ou presque complètement. Si on tient compte 614 du sens que prend le doute pour l'existence spirituelle, on...

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