— L'Écriture nous enseigne successivement à renoncer aux convoitises du monde (abnegantes saecularia desideria, Tite 2, 12), à nous présenter devant Dieu tels que nous sommes, pécheurs et désireux de Lui (Domine, ante te omne desiderium meum, Ps. 38, 10), de ce Dieu qui entend le désir des affligés (Ps. 10, 17), et à monter vers les plus hauts sommets spirituels. « Comme le cerf soupire après les sources d'eau, ainsi mon âme soupire après Toi, ô Dieu » (Ps. 42, 2), le suprême Désirable. Pour l'atteindre, l'épouse du Cantique compte pour rien les angoisses de la recherche (sub umbra illius quem desideraveram sedi, Cant. 2, 3) et saint Paul estime de la balayure tout ce qui n'apaise pas sa faim de Dieu (desiderium habens dissolvi et esse cum Christo, Phil. 1, 23). Mais l'homme de désir par excellence, c'est le Christ, tout entier tendu vers la réalisation du salut des hommes et la glorification du Père (desiderium desideravi hoc Pascha manducare vobiscum, Luc 22, 15). — La liturgie, à son tour nous fait demander d'être toujours en attente des seuls biens désirables, ceux de l'au-delà (ut mentes nostras ad coelestia desideria erigas, — litanies des saints) ; et elle prend garde de nous rappeler que tous nos bons désirs sont des dons de Dieu (Deus, a quo sancta desideria, — oraison de la messe pro pace). Le chrétien est donc aux prises avec un complexe de désirs, naturels et surnaturels, qu'il nous faut étudier sommairement. I. Définitions. — II. Importance des désirs dans la vie spirituelle. — III. Conduite des désirs.

I. DÉFINITIONS

1. DÉFINITION DU DÉSIR EN GÉNÉRAL.

— 1° Saint Augustin.

— Plus encore qu'un « psychologisme », ainsi qu'on l'a parfois définie, la pensée du docteur de la charité est une morale religieuse de la véritable béatitude. Dans sa subtile analyse des mouvements secrets de l'âme à la poursuite de la beata vita, dans l'exposé qu'il fait de sa conquête (De civitate Dei 8, 5, PL 41, 230 ; De moribus Ecclesiae I, 3,...

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