— L'article CONSOLATION ayant déjà traité ce qui, par un lien nécessaire, regarde la désolation spirituelle (t. 2, col. 1617-1634), la présente étude ne se justifie qu'en se plaçant à un point de vue nouveau. Rompant avec le cadre théorique, nous nous appliquons 1° à l'analyse de quelques cas réels de désolation, tels que nous les révèle l'hagiographie catholique, nous bornant, pour délimiter plus strictement notre recherche, aux cas de grande désolation. Si toute vie spirituelle profonde comporte des états et des périodes de désolation, toutes les peines spirituelles ne peuvent se classer dans la catégorie de désolation que nous voulons étudier. Notre examen historique doit cependant, sous peine de ne point dépasser le plan empirique, se compléter, 2° par quelques considérations sur la nature, les origines, la raison d'être et les types divers de cette forme douloureuse de la vie spirituelle. Une dernière partie nous permettra 3° de proposer, par mode de conclusion, tant aux grands éprouvés eux-mêmes qu'à leurs directeurs, quelques avis relatifs à leur conduite pratique.

1. EXAMEN DE CAS DE GRANDE DÉSOLATION

Nous bornons notre investigation de deux manières. D'abord nous ne consultons que les annales de la sainteté catholique, sans nier que soit possible, voire même fructueuse, l'étude de certains cas de désolation parmi les spirituels qui ont vécu en dehors de l'Église, dans le monde musulman par exemple. Au surplus, nous ne retenons que quelques cas signalés, car il en existe un très grand nombre, comme ceux de sainte Rose de Lima, de saint Joseph Calazanz, de la bienheureuse Thérèse Couderc, etc. Nous exposons, selon leur ordre chronologique, des exemples qui nous paraissent, dans les temps modernes, parmi les plus typiques.

1° Saint Jean de la Croix (1542-1591).

— Si le docteur mystique s'est montré avare de confidences sur ses états d'âme, il nous laisse la ressource de scruter son histoire intime à la lumière que projette sur elle son oeuvre écrite. Les meilleurs commentateurs des ouvrages du saint s'accordent à reconnaître en eux, ainsi que le signalait jadis J. Baruzi (Saint Jean de la Croix et le problème de l'expérience mystique, 2

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