— En passant de la dévotion aux dévotions, comme en passant de la prière aux prières, ne faut-il pas constater un affaiblissement spirituel considérable ? La dévotion comporte un engagement religieux de tout l'être envers Dieu. Les dévotions n'en seraient qu'une dégradation. Un moyen, — les dévotions —, risque d'être pris pour fin, — la dévotion substantielle —, et d'amorcer un renversement complet de l'attitude spirituelle, du service de Dieu seul à la recherche de soi. Si l'on ajoute l'écueil du pharisaïsme, et même de l'hypocrisie dans la pratique affichée des « exercices de dévotion », on comprend pourquoi « la dévotion » et le « dévot » ont pu recevoir une acception nettement péjorative (au 17e siècle avec Boileau et Molière, au 18e siècle avec Voltaire ; de nos jours encore, vg R.-L. Bruckberger, La valeur humaine du saint, p. 30 svv ; voir art. DEVOTIO, fin). Bien qu'il s'agisse de toute évidence des faux dévots, le discrédit n'en atteint pas moins en fait les catégories de « dévotion » et de « dévot ». Cependant, le fait de la naissance et du développement de multiples dévotions dans l'Église force l'attention du théologien et du spirituel. Après la question préalable du sens du mot et des rapports des dévotions avec la dévotion, demandons-nous quel rôle peut jouer une dévotion dans la vie spirituelle (personnelle, communautaire ou ecclésiale). Au delà de la description du phénomène visible, recherchons-en le sens profond ; ce qui permettra de porter un jugement de valeur. Nous comprendrons mieux alors l'attitude de l'Église. — 1. Dévotions et dévotion. — 2. Développement historique. — 3. Principales dévotions. 748

1. DÉVOTIONS ET DÉVOTION

1° Signification des dévotions dans la vie spirituelle.

— 1) Sens du mot.

— Saint Thomas, lorsqu'il traite de la vertu de religion (2a 2ae q. 82 ; voir art. DÉVOTION), en envisage successivement les actes intérieurs et les actes extérieurs. La dévotion constitue l'acte intérieur premier de la vertu de religion. Des...

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