— D'une manière générale, on groupe sous le nom de docètes tous ceux qui ont enseigné que le corps de Notre-Seigneur n'a pas eu de réalité matérielle, mais a été une simple apparence. Ce nom que ne connaissent encore ni saint Justin, ni saint Irénée, apparaît dans Clément d'Alexandrie. Celui-ci nous apprend (Stromates VII, 17, 108, PG 9, 553a ; GCS 3, 1909, éd. O. Stählin, p. 76) que les docètes le doivent à leur propre doctrine. Sérapion d'Antioche, dans sa lettre aux habitants de Rhossos (Eusèbe, Historia ecclesiastica VI, 12, 6, PG 20, 545c ; éd. E. Schwartz, GCS 2, 1908, p. 546), parle de son côté de « ceux que nous appelons docètes ». Dans une lettre à l'évêque Eusèbe d'Ancyre, Théodoret se plaint d'être traité d'hérétique ; et il indique comme ses accusateurs les disciples de Marcion, de Valentin, de Manès et d'autres docètes (Ep. 82, PG 83, 1264b). L'étymologie la plus probable du nom est le verbe δoϰεῖν, au sens de : apparaître, paraître, montrer ce qui n'est pas en réalité. Sed et qui carnem Christi putativam introduxit, aeque potuit nativitatem quoque phantasma confingere, ut et conceptus, et praegnatus, et partus Virginis, et ipsius exinde infantis ordo τὸ δoϰεῖν haberentur ; eosdem oculos, eosdem sensus fefellissent, quos carnis opinio elusit (Tertullien, De carne Christi 1, PL 2, 754c ; cf S. Jérôme, Contra Pelagianos 2, 14, PL 23, 550b). Saint Hippolyte rattache, par un jeu de mots intraduisible, le nom de docètes au mot δόϰoς poutre : « Beaucoup d'hommes ne tiennent aucun compte du conseil du Seigneur et, ayant une poutre dans l'oeil, se vantent de voir, alors qu'ils sont aveugles... La réfutation que nous en ferons aidera peut-être ces gens à rentrer en eux-mêmes et à comprendre le conseil du Sauveur, qu'on doit arracher la poutre de son oeil avant de chercher la paille qui est dans l'oeil de son frère » (cf Mt. 7, 3-4 ; Philosophumena VIII, 8, trad. A. Siouville, t. 2, Paris, 1928, p. 150-151). La question se pose d'ailleurs de savoir si les docètes ont jamais formé une secte indépendante. Hippolyte 1462 (ibidem) l'affirme et décrit longuement le système...

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