— 1. Vie. — 2. Œuvres. — 3. L'Elckerlyc.

1. Vie.

— C'est à tort, semble-t-il, que les bibliographes, à la suite de Possevin (Apparatus sacer, t. 3, Venise, 1606, p. 53), ont assigné à Dorlant, né en 1454, comme lieu de naissance la ville de Diest dans le Brabant, interprétant mal un texte de Th. Petreius dans son édition du Chronicon Cartusiense : Pétri Dorlandi 1647 Diestensis olim Cartusiae prioris. Ce texte doit se lire, non : Dorlandi Diestensis, mais : Dorlandi, olim prioris Cartusiae Diestensis. Une autre erreur de Petreius. est d'avoir nommé Dorlant « prieur », alors qu'il n'était que « vicarius », ou sous-prieur de la chartreuse de Zelem (Zeelhem), près de Diest. D'après une découverte récente de H. Scholtens, la patrie de Dorlant fut le petit village wallon de Walcourt, Jadis dans la principauté de Liège, actuellement dans la province de Namur. Ce qui pose le grave problème de savoir où il a pu acquérir une si profonde connaissance de la langue néerlandaise, comme il en fait preuve dans les manuscrits flamands conservés de sa main, sans parler de la paternité contestée de la moralité Elckerlyc (Homulus), en vers néerlandais d'une singulière pureté. Ou faut-il supposer qu'il était d'origine thioise et que sa famille s'était récemment fixée en ce lieu de pèlerinage très fréquenté au 15e siècle ? On trouve Dorlant étudiant à l'université de Louvain en 1472, et, pas avant 1475 sans doute, il prend l'habit de saint Bruno à Zelem. Il fit preuve d'une grande activité littéraire et allia à la contemplation une vie apostolique très occupée, comme prédicateur de ses frères et du peuple ; Sa Vita nous signale sa Tulliana facundia et loue son ministère auprès des « poètes comme des prédicateurs » (aux chambres de rhétorique ?), ajoutant : « cum oratoribus orator ; cum versificatoribus versificator ; cum praedicatoribus praedicator ; cum doctoribus doctor ». Dorlant est une personnalité de premier ordre. L'auteur de sa Vita ne tarit pas d'éloges sur sa grande connaissance de la Bible, surtout des psaumes, qui alimentaient sa dévotion...

[...]