— 1. Dans l'Écriture. — 2. Chez saint Thomas. — 3. Le don de force. — 4. La force dans la vie spirituelle. La difficulté générale que l'on éprouve à harmoniser les conceptions morales naturelles, héritées par exemple de l'antiquité, et la morale évangélique se trouve singulièrement renforcée lorsqu'on veut traiter de la force. Ne cherche-t-on pas, en magnifiant cette vertu cardinale, à exalter l'homme pour le pousser à la suffisance ? Et, préalablement même à ce danger, ne risque-t-on pas de placer la violence et la brutalité au-dessus d'un courage plus humain ? Comment déterminer ce qu'est la véritable force, celle dont nous pourrons dire qu'elle est une vertu, mieux encore, un don du Saint-Esprit ? Pour répondre à ces questions, nous essaierons de recueillir l'enseignement de l'Écriture avant de tenter une réflexion théologique. Une première remarque s'impose immédiatement : alors que l'ancien Testament connaît un exercice de la force dans l'ordre de l'action humaine et même du combat guerrier, le nouveau Testament ne fait appel à la force que pour le combat intérieur ou l'effort apostolique. Une opposition se marque alors entre la force véritable et la faiblesse de toute chair impuissante et inutile dans l'ordre de l'Esprit.

1. Écriture.

— 1° Nous trouvons, dans l'ancien Testament, différentes notions de force qui, bien loin de coïncider, tendent à s'opposer : à la force brutale des guerriers païens ou des orgueilleux violents, se substitue la force de ceux qui se confient en Dieu. Le type de cette opposition pourrait être cherché dans le récit du combat entre David et Goliath. Le philistin est lourdement armé et son arrogance défie les juifs de lui opposer un « homme » (1 Sam. 17, 10). David, lui, apparaît courageux et confiant en Yahvé : « Tu marches contre moi avec épée, lance et javelot, mais moi, je marche contre toi au nom de Yahvé Sabaot » (17, 45). La victoire lui sera donnée, car Yahvé, de qui dépend toute victoire, ne se lie pas avec qui possède la force brutale (17, 47). Au contraire, à la violence des impies, Yahvé opposera sa propre force. Telle est la persuasion de...

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