— Charles Desgenettes, né à Alençon (Orne) en 1778, fit ses études sous la Révolution. Ordonné prêtre à Séez en 1805, il fut vicaire à Argentan, desservant de Montsort d'Alençon. En 1819, il est nommé curé à Paris (paroisse des Missions étrangères) et fonde l'orphelinat de la Providence (rue Oudinot). A la Révolution de 1830, il se réfugie en Suisse. A son retour (1832), il est chargé de Notre-Dame des Victoires, la « dernière des paroisses ». Malgré son dévouement, son ministère reste stérile ; en 1836, il se décide à démissionner. Desgenettes est un prêtre pieux, généreux, sans ambition ; par trois fois, on l'a proposé pour l'épiscopat. Mais son caractère difficile, ses convictions ultra-royalistes, son zèle ardent, ont créé à « Monsieur Rude-Abord » plus d'ennemis que d'amis. Il n'a rien d'un mystique et, à son avis, la dévotion au Saint-Coeur de Marie est inutile. Le samedi 3 décembre 1836, il célèbre la messe à l'autel de la Vierge : le découragement l'étreint. Au Sanctus, une voix intérieure lui dit : « Consacre ta paroisse au Coeur Immaculé de Marie ! » L'angoisse cesse aussitôt. Mais, après la messe, il se ravise : « Quelle fatale pensée ! Si je m'y arrêtais, je pourrais devenir un visionnaire ». Nouvelle injonction du ciel ; nouveau refus. Finalement, de guerre lasse, il capitule, — deux ans durant, cependant, il ne dira rien à personne de cette intervention miraculeuse, pas même à son confesseur. Le 11 décembre, à la grand messe peu suivie, il annonce une réunion pour le soir : on priera pour la conversion des pécheurs. Le soir l'église est remplie ; une ferveur extraordinaire saisit l'assemblée. Bouleversé, le curé ne se rend pas encore : il exige pour le lendemain, la conversion d'un voltairien endurci, Joly, ancien ministre de Louis XVI. Il est exaucé. Le 12 janvier 1837, la Confrérie du Saint et Immaculé Coeur de Marie pour la conversion des pécheurs est fondée ; les membres porteront pour insigne la médaille miraculeuse. La parole de Desgenettes aura désormais le don de retourner les âmes. Ce prêtre sans éloquence, qui lit ses sermons, ne peut descendre de chaire sans voir des gens se diriger vers son confessionnal. Jusqu'à sa mort, les miracles de la grâce vont...

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