Auteur : Jean CHATILLON.
Tome 3 - Colonne 1777
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Titre de l'article : DULCEDO, DULCEDO DEI.
Début de l'article :
— La spiritualité chrétienne, et plus particulièrement celle de l'Occident, n'a jamais cessé de faire une très large place à l'idée de douceur et aux termes qui servent à l'exprimer. Dans la littérature spirituelle latine les mots-clés sont certainement ici les deux adjectifsdulciset
suavis, ainsi que leurs dérivés
dulcedo, dulcoret
suavitas, dont la signification est éclairée par un ensemble de métaphores qui se rapportent surtout au sens du goût et à celui de l'odorat. L'interprétation de ce vocabulaire et des images qui l'accompagnent est en réalité assez délicate. Il ne s'agit parfois que de la douceur intime, des sentiments ou des émotions agréables que l'âme peut éprouver dans la prière, le service de Dieu ou l'exercice de la vertu :
dulcedoet
suavitascorrespondent alors assez exactement à ce que nous appelons aujourd'hui les consolations spirituelles. Mais il s'agit aussi parfois d'expériences plus précises et plus hautes au cours desquelles l'âme « goûte » en quelque sorte Dieu lui-même et jouit intensément de sa présence mystérieuse ; la douceur ressentie est alors l'effet d'une saisie ineffable de Dieu, à moins qu'elle ne se confonde avec cette saisie elle-même. Quelle que soit d'ailleurs la nature exacte des diverses sortes de douceur que l'âme peut éprouver, il reste que Dieu en est toujours d'une manière ou d'une autre le principe et l'origine. C'est donc que Dieu lui-même peut être dit doux et suave, comme nous le rappellent par exemple tant de textes des
Psaumes, au moins dans les anciennes traductions latines et dans la
Vulgate.La
dulcedopourra dès lors être considérée comme une sorte d'attribut divin, exprimant la bienveillance et la bonté du Créateur à l'égard de ses créatures. Mais on pourra tout aussi bien l'attribuer à l'Esprit Saint que la liturgie
ConfessionsIX, 1, 1), et dont, tout près de nous, une sainte thérèse de...
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