— Cet article, de portée très générale, se propose de dégager les lois de toute formation spirituelle. Par ce mot de « spirituel » il n'est évidemment pas question d'établir deux classes de chrétiens, les « spirituels » et les autres ; tous les chrétiens sont fondamentalement spirituels par leur baptême. Pas davantage il n'est question de rompre l'unité de l'unique théologie qui, dans sa fonction « pratique », est par essence spirituelle ; pas davantage non plus d'opposer ni même de séparer « spirituel » et « apostolique ». Mais, dans l'unique grâce du baptême ou grâce du Saint-Esprit commune à tous, nous entendons viser très particulièrement ce qui est en appel de perfection d'amour et d'union à Dieu et que tous, pasteurs, éducateurs, maîtres divers, doivent avoir en vue dès le début. Plus précisément encore, nous pensons au moment où les traits du Christ, d'informes qu'ils sont, vont se « former » définitivement, moment que le langage courant appelle spontanément temps de la formation. Les mots « former », « formation » se trouvent en saint Paul : « Mes petits enfants pour lesquels je souffre les douleurs de l'enfantement, jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous » (Gal. 4, 19). Ils y sont plus particulièrement employés sous la forme des composés reformatio (Rom. 12, 2), transformatio (2 Cor. 3, 18 ; Phil. 3, 21). Ils sont liés au thème de l'image (Col. 1, 15 ; Rom. 8, 29). Il s'agit pour l'homme de quitter la ressemblance avec Adam pour être reformé à celle du Christ (Éph. 4, 23-24 ; Col 3, 10 ; Phil. 2, 6-7). Formé, reformé, transformé, le chrétien devient à son tour modèle pour les autres (1 Thess. 1, 7 ; 2 Thess. 3, 9 ; 1 Pierre 5, 3). Un autre mot, instituere, institutio, est éclairant pour l'intelligence de notre réalité. Il a toute une histoire. 700 Sa signification est à la fois spirituelle et juridique. A. Biaise (Dictionnaire latin-français des auteurs chrétiens, Strasbourg, 1954, p. 457) lui donne le sens de fonder, instituer, enseigner. Le...

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