— Né à Albocacer, près de Valence (Espagne), le 5 septembre 1404, Jean Fort, au cours de ses études de théologie à Lérida, se sentit appelé à la vie cartusienne. Écarté d'abord de la chartreuse de Scala Dei en raison de sa santé déficiente, il fut admis le 5 mai 1425. Dès le début de sa vie religieuse, il fit preuve de vertus telles qu'elles donnent un certain crédit aux faits surnaturels, extases, apparitions, révélations, dont il aurait été favorisé. Il en fit le récit circonstancié sur le commandement de son confesseur, Pedro de Queralt, dominicain, vicaire de la province d'Aragon. On attribue aussi à Jean Fort des prophéties, des guérisons et des secours extraordinaires. Connu de trop de gens, à son gré, il demanda, sans succès, à passer dans la chartreuse de Majorque. Son souvenir est resté vivant et honoré dans la région où il vécut. Il mourut le 14 mai 1464. Le recueil des expériences spirituelles de Jean Fort portait le titre : Liber revelationum et celestium charismatum sibi divinitus datorum quem precepto et consilio P. Queralt conscripsit, in quo interdum apologias, expositiones, animae instructiones et documenta mysticae theologiae profunda et clara mentis intelligentia inseruit aptis in locis. Nicolas Molin † 1638 signalait que le Liber se trouvait à la 722 chartreuse de Scala Dei. Léon le Vasseur † 1693, qui l'a eu entre les mains, dit qu'il ne l'insère pas dans sa notice « ob nimiam prolixitatem ». A la Grande Chartreuse, on conserve une copie de la longue « Prefatio seu Discursus prooemialis », qui fait connaître la pensée orthodoxe et très sage de l'auteur sur les faits exposés dans le Liber. Du Liber revelationum on n'a retrouvé qu'une copie du 18e siècle, très incomplète, aux archives de l'évêché de Tarragone (Espagne) : le quatrième livre amputé de sa première partie mais suivi d'une longue addition qui renferme la majorité des apologies, explications, compléments dont fait mention le titre. On compte une cinquantaine de visitationes espacées au cours des années 1449 à 1451, 1455 à 1457. Jean Fort y raconte avec grande précision de temps et de lieu les apparitions de Jésus et de Marie (souvent ensemble). Bien que ses descriptions aient un caractère sensible...

[...]