Auteur : A. CABASSUT, O. S. B.
 
Tome 1 - Colonne 1724
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Titre de l'article : BLESSURE D’AMOUR.
Début de l'article :
1. Notion. — 2. Effets. — 3. Origine de l'expression. Les écrivains spirituels donnent à l'expression blessure d'amour un sens tantôt large, tantôt strict. Au sens large, ils désignent ainsi des grâces variées mais qui toutes, entraînent une souffrance : grâces ordinaires ou éminentes, s'échelonnant depuis la peine causée par le regret des fautes passées jusqu'à la transverbération, faveur mystique très haute, réservée aux âmes parvenues à l'union transformante. Au sens strict, cette appellation est réservée à une grâce spéciale, nettement déterminée, ayant des caractères distinctifs et des effets propres. Elle appartient aux purifications passives de l'esprit : c'est la blessure d'amour proprement dite ; c'est elle que nous allons étudier dans cet article. Sainte Thérèse et saint Jean de la Croix l'ont analysée avec une précision qui ne se rencontre pas chez les autres mystiques. Aussi est-ce leurs propres paroles que l'on retrouve littéralement traduites, dans les traités classiques de Philippe de la Sainte-Trinité, Vallgornera, Scaramelli et tous ceux qui en dérivent. Nous puiserons largement aux mêmes sources pour donner de cette grâce une notion exacte et aussi claire que possible. Mais il ne faudra point s'étonner si quelque obscurité demeure : « Tout cela ne peut ni se dire, ni s'écrire, avoue sainte Thérèse : pour le comprendre, il faut l'avoir éprouvé » (Relations 1725 spirituelles, Rel. 54, Œuvres complètes, traduction des Carmélites de Paris, t. II, p. 303).
I. Notion.
— Scaramelli définit la blessure d'amour : « Une touche enflammée et brûlante d'amour par laquelle Dieu élève subitement l'âme à la possession affective et sentie de lui-même, et se retire aussitôt » (Direttorio Mistico, Venise, 1754, Tr. 5, c. 21, n. 213). Une formule plus descriptive serait plus complète. Nous proposons la suivante : un sentiment très vif de la présence de Dieu saisit l'âme tout à coup. Pareil à un trait de feu, qui éclaire et brûle en même temps, il donne à l'intelligence une connaissance plus vive des perfections divines et imprime à la volonté un élan plus impétueux vers le Bien-Aimé… qui se dérobe...

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