Auteur : Carlo LONGO.
 
Tome 16 - Colonne 1529
Article gratuit
Titre de l'article : YANGUAS (DIEGO DE), frère prêcheur, vers 1535-1606.

— Né à Ségovie vers 1535, Diego de Yanguas entra, entre 1550 et 1560, au couvent d'Atocha, près de Madrid, dans l'Ordre des Frères Prêcheurs. Ce couvent appartenait alors au courant le plus réformiste propagé par Juan Hurtado de Mendoza I † 1525.

En 1562 Yanguas était étudiant au couvent d'Avila et il y connut sainte Thérèse qui fondait alors dans cette ville son premier monastère réformé. Puis il passa au couvent de sa ville natale, Ségovie ; le 30 septembre 1574, il fut témoin d'une vision qu'eut la sainte lors de sa visite à la grotte de saint Dominique. A partir de cette année 1574, il fut l'un des confesseurs et conseillers de Thérèse, et cela jusqu'à sa mort. Il la conseilla lors de la fondation du couvent de Ségovie (1574). C'est lui qui, vers 1580, ordonna à Thérèse de détruire son commentaire du Cantique des Cantiques, ses Meditaciones sobre los Cantares, et, entre juin et juillet 1580, de revoir et compléter le texte des Moradas avec l'aide de Jérôme de la Mère de Dieu (Gracián, 1545-1614). A la mort de la sainte (1582), Yanguas composa une épitaphe ; en 1595 il déposa au procès informatif d'Avila en vue de la béatification.

Les principales activités de Yanguas furent, conformément à l'idéal de son Ordre, l'enseignement et le ministère apostolique. Il fut un prédicateur écouté dans les principales villes de Castille tout en enseignant la théologie ; il devint maître en théologie vers 1585. On ne peut préciser les dates de ses séjours dans les centres d'études de Plasencia et de Burgos ; il fut recteur du collège Santo Tomás d'Alcalá de Henares. En 1583 et en 1589 il est attesté comme recteur du collège San Gregorio de Valladolid ; il vécut près de vingt ans dans cette ville. Il se retira au couvent d'Atocha et y mourut le 22 juillet 1606.

Son ouvrage principal est un recueil de sermons, dont le sujet principal est la vie du Christ, en particulier la célébration de la semaine sainte ; on y trouve aussi quelques panégyriques. L'ouvrage, prêt en 1600 (cf. permis d'imprimer) parut à Madrid en 1602 : De cardinalibus et praecipuis Jesu Christi et sanctorum operibus, quae festis eorum diebus… celebrantur.

Rééd. Paris, 1605, sous le titre : Promptuarium concionum de praecipuis Christi et sanctorum festis per totum annum… ; Cologne, 1605 ; Brescia, 1609 ; Venise, 1610.

Œuvres concernant la controverse sur la grâce : Censura du 8 juin 1594 (éd. Beltrán de Heredia, Domingo Bañez y las controversias sobre la gracia, Salamanque, 1968, p. 408-09) ; — Censura, du 12 juillet 1594 (éd. J. Stöhr, Zur Fruhgeschichte des Gnadensstreites, Münster, 1980, p. 56-60) ; — Apologia adversus quasdam assertiones doctoris Ludovici de Molina (éd. Beltrán de Heredia, cité supra, p. 382-407 ; éd. Stöhr, cité supra, p. 61-94). — De plus Yanguas signa deux documents avec les théologiens dominicains du collège de Valladolid, menés par Bañez, l'Apologia en defensa de la doctrina 1530 antigua y católica (28 août 1595) et la réponse aux adversaires intitulée Tertia pars hujus tractatus (29 sept. 1595) ; ces deux textes sont édités par Beltrán de Heredia, p. 115-270 et 270-380.

On garde des notes, rédigées par le dominicain J.B. de Lanuza, d'un cours de théologie donné par Yanguas en mai 1582 : De conexione virtutum moralium inter se (Valence, Univ. ms 244, f. 441r-482v ; cf. L. Robles, Resoluciones de casos diferentes, 1576…, dans Escritos del Vedat, t. 9, 1979, p. 340-41).

A la demande de Thérèse d'Avila, Yanguas traduisit en castillan en 1578 la vie de saint Albert, carme sicilien ; cette traduction est imprimée à la suite de quelques oeuvres de la sainte dans l'édition patronnée par l'archevêque d'Evora, Teutonio de Bragance (1530-1602) : Tratado que escrivio la madre Teresa de Jesús… (Evora, 1583), avec une lettre du traducteur ; autre éd. : Vida de S. Alberto de Sicilia, carmelita (Saragosse, 1753).

On n'a pas encore retrouvé le traité, qui probablement aurait été le plus intéressant au point de vue spirituel, Del silencio y olvido y sueño espiritual, que alcanzan los siervos de Dios en la oración ; ce traité, dédié à une carmélite, fut signalé parmi les mss de la bibliothèque des Dominicains de Játiva, et à la bibliothèque des Hiéronymites de Barcelone ; on y apprend qu'il est divisé en trois parties qui commentent chacune un verset de l'Écriture. La perte de ce traité empêche la figure spirituelle de Yanguas de prendre nettement forme. Ses relations avec Thérèse d'Avila restent peu précises.

Acta capitulorum generalium Ord. Praedicatorum, t. 5 (Monumenta Ord. Fr. Praedicatorum X), éd. B.M. Reichert, Rome, 1901, p. 252, 349. — G. de Arriaga et M.M. de los Hoyos, Historia del collegio de san Gregorio de Valladolid, t. 3, Valladolid, 1940, p. 425. — M.M. de los Hoyos, Registro historial de la provincia de España, t. 1, Madrid, 1966, p. 99, 192 ; Registro documental, t. 3, Valladolid, 1963, p. 277-78, 310, 317. — Pour les citations du nom de Yanguas dans les oeuvres de Thérèse d'Avila, peu nombreuses, voir les tables des éd.

Quétif-Échard, t. 2, 1721, p. 360-61. — F. Martίn, S. Teresa de Jesús y la Orden de Predicadores, Avila, 1909, p. 21, 38, 40, 48, 94-97, 100, 179-84, 382-87, 504-06, 635-40. — Enciclopedia universal, d'Espasa, t. 70, Bilbao, 1930, col. 638. — Silverio de Santa Teresa, Historia del Carmen descalzo en España…, t. 2, Burgos, 1935, p. 458-59 ; t. 3, 1936, p. 650-52 ; t. 4, 1936, p. 322, 438 ; t. 6, 1937, p. 512, 592 ; t. 7, 1937, p. 656 ; t. 9, 1940, p. 253-54. — DS, t. 5, col. 1491.

Carlo LONGO.

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3 pages