— 1. Vie. — 2. Œuvres. — 3. Doctrine.

1. Vie.

— Né à Chartres (plutôt que dans le Beauvaisis) vers 1040, d'origine modeste, Yves étudia d'abord les belles-lettres et la philosophie à Paris (Sprandel, Ivo von Chartres, p. 5-8). Il se consacra ensuite à la théologie et au droit canon à l'abbaye bénédictine du Bec, en Normandie, où il eut pour maître Lanfranc, partisan résolu de la Réforme grégorienne, et pour condisciple Anselme, le futur archevêque de Cantorbéry. Ses études achevées, il devint chanoine prébendé à Nesles en Picardie. En 1078, l'évêque Guy de Beauvais lui confia la direction du monastère de chanoines réguliers qu'il venait d'ériger aux portes de la ville en l'honneur de saint Quentin. Yves devait y passer plus de douze ans, prévôt d'une communauté modèle, dont il rédigea le coutumier. En 1090 Yves fut élu par le clergé et le peuple de Chartres pour remplacer l'évêque Geoffroi, déposé par le pape Urbain II pour simonie et autres méfaits. Cette élection n'était pas du goût de son métropolitain, Richer, archevêque de Sens, demeuré partisan de Geoffroi. Richer refusa de reconnaître et de consacrer son nouveau suffragant, sous prétexte qu'il avait reçu son investiture du roi (Ep. 8). Ce refus détermina Yves à recourir à l'arbitrage du pape ; il se rendit à Rome avec une délégation du clergé chartrain 1552 et reçut la consécration épiscopale d'Urbain II lui-même. De retour en France, muni d'une lettre de recommandation fort élogieuse (Jaffé 5439), comme Richer, ne désarmait pas et le sommait de comparaître devant un concile provincial à Étampes, Yves résista vigoureusement (Ep. 12), en appela au pape et l'affaire n'eut pas d'autre suite. Il déploya la même énergie face au roi de France, Philippe Ier qui, en 1092, avait répudié sa femme Berthe de Frise, pour s'unir à Bertrade de Montfort, épouse de Foulque, comte d'Anjou. Yves refusa de figurer à la cérémonie nuptiale qu'osa célébrer l'évêque Ursion de Senlis et écrivit au roi une lettre remarquable de fermeté et de dignité (Ep. 15), pour lui expliquer sa décision. Sa...

[...]