— La vie morale et spirituelle implique nécessairement un combat contre les vices et un effort pour acquérir les vertus. Par suite, les traités De virtutibus et vitiis ou, et même plus souvent, De vitiis et Virtutibus constituent un genre littéraire chez les auteurs spirituels. Ce genre n'est pas entièrement nouveau : déjà dans l'antiquité classique les notions abstraites d'ordre moral étaient souvent personnifiées selon le procédé rhétorique appelé prosopopée. Un des exemples les plus anciens est l'anecdote typique « Hercule au carrefour » rapportée par Xénophon (Memorabilia II, 1,22-23) d'après le pythagoricien Prodicos : le jeune héros voit apparaître deux femmes qui lui proposent un choix entre deux voies ; l'une s'appelle précisément Aretè (Vertu) et l'autre Kakia (Malice, Vice). Ambroise s'en inspire en montrant que s'opposent en notre âme Volupté et Vertu (De Cain et Abel I, 4,13-5,21). Augustin, dans le débat intérieur qui précède immédiatement sa conversion, fait parler d'abord ses « vieilles amies » (les convoitises charnelles), puis 498 écoute le discours de Continence (Confessions VIII, 11,25-27 ; cf. Sermo 86,6 : Avaritia dit « conserve », et Luxuria — ici : le luxe — « dépense »). Déjà Tertullien (De spectaculis 29,5) et Cyprien (De mortalitate 4) avaient mis en conflit divers vices et vertus ; pour plus de détails, voir l'introd. de M. Lavarenne à la Psychomachia de Prudence. Dans le cadre de cet article, nous ne songeons pas à dresser un inventaire complet de ce genre de traités. Nous renvoyons pour le moyen âge à celui qui a été dressé par M.W. Bloomfield, B.-G. Guyot, etc., Incipits of Latin Works on the Virtues and Vices… (1100-1500 A.D.), Cambridge Mass., 1979, n. 0001-6553 (Bloomfield), et au fascicule annoncé dans la coll. Typologie des sources du moyen âge occidental (éd. Brepols, Turnhout) : R. Newhauser, The Treatises on Vices and Virtues. Notre inventaire inclut par contre les Pères et les auteurs des 6e-11e siècles ; il...

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