— Ermite dont seul le nom, qui est néerlandais, et la rude vie de pénitence nous sont connus avec certitude. La critique interne de sa glose peu banale du Pater, nous fait placer sa vie vers les années 1250-1325, et nous le révèle comme un type accompli du mystique scolastique : théologien averti, soucieux de clarté, de méthode et d'orthodoxie ; d'une pensée d'ailleurs vigoureuse et personnelle. Mystique non moins véritable, dépassant volontiers les hauteurs spéculatives, qu'il connaît insuffisantes, pour les clartés infuses, qui, à leur tour, ne manquent pas de donner un nouvel essor à sa spéculation. Cet ermite a une aisance d'exposition et un ton d'autorité qui font croire qu'il a non seulement fréquenté les écoles, mais qu'il y a enseigné avant de se retirer dans la solitude. Là il semble avoir été un maître de la vie spirituelle dont on recherche les avis. Il serait étonnant qu'il n'ait pas écrit davantage, mais sa Glose op den Pater Noster (Glose du Pater) est le seul ouvrage que nous connaissions actuellement de lui. Elle est portée par une synthèse théologique et mystique peu commune, mais qui ne peut se faire valoir dans un opuscule restreint comme la Glose. Signalons, à côté du caractère fortement intellectuel de la mystique d'Appelmans, sa vive conception de la transcendance divine, de la filiation mystique dans le prolongement de la filiation de grâce, et de la vision de Dieu comme terme de cette double filiation. Remarquable est surtout sa conception de la vie mystique. En occident il semble bien être le premier à la concevoir nettement comme apostolique, et cela par l'assimilation profonde où elle mène avec le Christ médiateur et rédempteur. Toute sa mystique est d'ailleurs christologique autant que trinitaire. La mise en lumière d'Appelmans pose pour la mystique néerlandaise des questions nouvelles relatives à la diffusion en langue vulgaire de la mystique scolastique et de sa terminologie. La part faite à l'influence d'Eckehart semble bien trop exclusive en ce domaine.
Édition critique de la Glose op den Pater Noster, avec une étude sur son auteur, par L. Reypens, dans OGE., I, 1927, pp. 80-107 ; 113-141.
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