— Si la notion de fruit du Saint-Esprit se rattache immédiatement au texte de saint Paul : « Le fruit de l'Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi » (Gal. 5, 22), elle était sans doute familière à la première communauté chrétienne, comme en témoignent les épîtres catholiques (Jacq. 3, 17 ; 2 Pierre 1, 8 ; cf Héb. 12, 11 ; Apoc. 22, 2). Elle rejoint clairement la notion biblique, et tout spécialement évangélique, de « porter du fruit ». Pour en déterminer la signification et la valeur théologique, nous examinerons successivement : 1. la notion de fruit dans le nouveau Testament, 2. le sens du texte de saint Paul, 3. la réflexion théologique sur les fruits du Saint-Esprit.

1. Notion de fruit dans le nouveau Testament.

— L'emploi de l'image du fruit présente une signification beaucoup plus riche dans le nouveau Testament que dans l'ancien. Alors qu'ici on ne sort guère de l'image matérielle : le cultivateur attend le fruit de son travail comme Yahvé attendait de la vigne d'Israël qu'elle donnât ses raisins (Is. 5, 1-7), là, au contraire, elle prend une signification immédiatement spirituelle : « Produisez donc un digne fruit de pénitence », dira Jean-Baptiste (Mt. 3, 8), ou Notre-Seigneur : « Qui 1570 demeure en moi, comme moi en lui, porte beaucoup de fruit » (Jean 15, 5). Par cette image tirée de l'ordre de la vie est suggéré le mystère de la croissance du royaume en nous en même temps que la force d'expansion et de manifestation de ce royaume. Et, puisque toute croissance s'opère dans le temps, Luc (8, 15) affirme que la condition essentielle de la fécondité spirituelle est la persévérance. Si nous cherchons à préciser le sens d'une telle image évangélique, il semble clair qu'elle indique une manifestation perceptible du dehors. Ainsi Notre-Seigneur recommande-t-il à ses disciples de s'exercer à discerner la valeur de l'arbre aux fruits qu'il produit : l'arbre bon produit de bons fruits, l'arbre mauvais de mauvais fruits (

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