— Né à Lecce en 1617, Bernardino Manco entra dans la compagnie de Jésus le 30 juillet 1633. Après avoir enseigné la grammaire, il fut appliqué à la prédication pendant vingt-huit ans. Il fut aussi recteur de collège, instructeur du troisième an et maître des novices. Il mourut à Naples le 4 novembre 1690.
Il écrivit Il religioso santo (Naples, 1684 ; Venise, 1723) et I religiosi santi e perfetti con la mira alla pura gloria di Dio (Naples, 1691 ; Venise, 1725). Ces ouvrages recueillent ce qui fut au centre des préoccupations, de la pensée et de l'action de Manco. Ils visaient les religieux qui avaient perdu le premier élan de leur vocation et constituaient une réaction vigoureuse à rencontre de la décadence d'une partie notable du clergé napolitain après la peste de 1656, alors que croissait l'influence de l'illuminisme.
Les deux exposés sont intimement liés. Dans le premier, il est question de six vertus dominantes qui, animées par la grâce, entrent dans la logique de la vie religieuse. Le second s'adresse à ceux qui, tout en voulant être de bons religieux, vivent dans la tiédeur, en particulier les supérieurs, les prédicateurs et les professeurs. Comme moyen fondamental de sainteté, Manco leur propose la poursuite de la « gloire de Dieu », les motivations foncières du don de soi à Dieu, l'exposé pratique de la vie spirituelle, le recours à l'Écriture, le contact avec la vie concrète.
Manco est un écrivain spirituel quelque peu dans la ligne de François de Sales, en harmonie avec la culture ambiante ; sa langue, à la fois directe, ferme et colorée, lui mériterait une place dans l'histoire littéraire.
Sommervogel, t. 5, col. 465-466. — C. Villani, Scrittori e artisti pugliesi, Trani, 1904, p. 555. — Voir aussi R. De Maio, Società e vita religiosa a Napoli nell'età moderna, Naples, 1971 ; Eulogio de la Virgen, Literatura espiritual del Barroco y de la Ilustración, dans Historia de la espiritualidad, t. 2, Barcelone, 1969, p. 350-352.
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