Auteur : Xavier TILLIETTE.
Tome 10 - Colonne 290
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Titre de l'article : MARCEL (GABRIEL), philosophe, 1889-1973.
Début de l'article :
— Né à Paris le 7 décembre 1889, Gabriel Marcel fait ses études au lycée Carnot, puis suit les cours de philosophie à la Sorbonne. Agrégé de l'université (1910), il n'enseigne que par intermittences, surtout de 1915 à 1922. En 1919, il épouse Jacqueline Boegner † 1947. Il se voue à la pensée et au théâtre, publie d'innombrables articles de critique littéraire et musicale, donne de multiples conférences. Il se convertit au catholicisme en 1929. Après avoir de nouveau enseigné, mais épisodiquement, durant trois années (1939-1942), il revient à Paris, se retirant l'été dans sa propriété de Corrèze, tout en voyageant fréquemment à l'étranger. Il meurt à Paris le 8 octobre 1973.
De Gabriel Marcel, converti et baptisé à l'âge de quarante ans, on peut dire sans hésiter anima naturaliter Christiana. En un sens sa philosophie, que, faute d'une meilleure dénomination et par horreur du vocable d'existentialisme, il consentait à appeler néosocratisme ou socratisme chrétien, a été chrétienne avant lui. Dès la première partie du
Journal métaphysique, aride et abstraite, marquée par un idéalisme qu'il a ensuite abjuré avec vivacité, le jeune penseur se préoccupe d'une croyance qui, pour le moment, est la croyance des autres. Il la nomme « participation », il en étudie les conditions transcendantes ou transcendantales. Inspiré par Schelling, il entrevoit « une sorte d'empirisme transcendant » (JM, p. 55) ; dans un Fragment il définit sa méthode une « parénétique transcendante » (
Fragments, p. 72), précocement lucide sur la parénèse, l'injonction éthique persistante qui commandera ses démarches. La recherche parénétique aboutit à la reconnaissance d'un invérifiable absolu. C'est mettre la foi à l'abri des intrusions, c'est aussi creuser le lit du fidéisme. Mais une impulsion est donnée que le bouleversement affectif de la première guerre mondiale accélérera : l'avènement d'une « métaphysique sensualiste » (JM, p. 261, 305). De l'impasse idéaliste et de l'enseignement de Bergson, Marcel a tiré une rancune et une méfiance à l'égard de la pensée abstraite et scientifique, du
Cogito« obturateur » (EA, p. 35), de la connaissance qui exile ses objets. Elles sont telles...
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