Auteur : Pierre ADNÈS.
 
Tome 10 - Colonne 388
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Titre de l'article : MARIAGE SPIRITUEL.
Début de l'article :
— On désigne généralement par cette expression le degré le plus élevé de la contemplation infuse et de l'union mystique de 389 l'âme avec Dieu. C'est à sainte Thérèse et à saint Jean de la Croix que l'on doit cette terminologie. Mais l'idée de noces spirituelles et d'épousailles divines est bien antérieure. Elle n'est même pas propre au christianisme. Sans vouloir retracer ici l'histoire religieuse de la symbolique nuptiale, il ne sera pas inutile d'indiquer en commençant quelques points de repères qui montreront comment le sens des mots s'est progressivement précisé et spécifié. 1. Antécédents préchrétiens et gnostiques.2. La tradition ancienne de l'Église. — 3. Les épousailles mystiques de l'hagiographie. — 4. Enseignement de Thérèse d'Avila. — 5. Enseignement de Jean de la Croix. — 6. La théologie mystique moderne. — 7. Réponses à quelques problèmes.
1. Antécédents préchrétiens et gnostiques.
— Que la divinité puisse s'unir à un être humain, — femme ou homme —, était une conviction du paganisme antique. Plutarque † 125 écrit qu'il ne trouve rien d'étrange à ce que Dieu s'approche d'une mortelle pour déposer en elle un germe divin. Seulement, c'est par des étreintes d'un autre genre que celles de l'homme (Les symposiaques ou propos de tables, liv. VIII, q. 1, 3, éd. Didot, Paris, 1856, p. 875). Ailleurs il rapporte la légende célèbre de Numa Pompilius qui avait été jugé digne d'épouser une déesse (la nymphe Égérie) dont il était aimé, « ce qui avait fait de lui un homme bienheureux, instruit des choses divines » (Vies, coll. Budé, t. 1, Paris, 1957, p. 184). Dans une ligne plus philosophique, le juif Philon d'Alexandrie † 54 enseigne que, lorsque Dieu a commerce avec l'âme, celle-ci en reçoit une semence qui a pour effet l'enfantement des vertus et des belles actions (De cherubim 42-52, dans Œuvres, t. 3, Paris, 1963, p. 39-45). Ce texte, estime A.-J....

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